termes plus d’une obscurité, disons mieux, plus d’une impossibilité. Est-il possible d’abord qu’un homme reste en dehors de tout travail ? Évidemment non, sans doute, on peut s’abstenir de tout travail pénible, de tout travail professionnel, mais on n’empêchera pas qu’un homme ne fasse quelques mouvements, qu’il ne subisse des influences thermiques, barométriques ou électriques, contre lesquelles son organisme réagira par des modifications de sa circulation et de sa respiration qui sont un véritable travail intérieur et inconscient, mais un travail qui use toujours un peu l’organisme ; on n’empêchera pas surtout qu’il ne pense et qu’il ne sente, et on sait bien que le fonctionnement cérébral est un de ceux qui exigent le plus de dépenses organiques. Or qui pourra, avec les notions que nous possédons aujourd’hui, mesurer la valeur de ce fonctionnement et de ces dépenses. Il y a donc là dès le premier pas, une pierre d’achoppement où vont buter nos recherches et leur enlèvera, avant même qu’elles ne soient commencées, la précision scientifique que nous en attendions. Il faudrait ensuite que le sujet observé fût en santé normale. C’est bien vite dit ; mais qui peut se vanter d’être en santé parfaite ? Les hommes les mieux portants en apparence ne possèdent-ils pas quelquefois dans l’intimité de leurs tissus, dans la trame de tel ou tel de leurs organes, le germe encore invisible du mal qui les emportera dix ou vingt ans plus tard. Mais enfin contentons-nous encore d’une approximation ; tenons pour bien portants les individus qui paraissent l’être, même sans être bien sûrs qu’ils le soient réellement, et commençons nos expériences.
Nous allons prendre nos sujets, les soumettre à des régimes variés, et voir comment ils se comportent en présence de certaines alimentations bien réglées, et bien pesées : régime lacté, régime carné, régime végétarien, suralimentation, alimentation insuffisante, etc., et nous verrons avec quel régime, avec quelles quantités et quelles qualités d’aliments ils paraissent le mieux se maintenir en état physiologique, et après de longues observations nous finirons par savoir peut-être quelle est la diététique qui nous convient le mieux, et quelle doit être en définitive notre ration d’entretien. Hélas ! c’est ici que va apparaître la faiblesse de nos moyens de contrôle. Si le sujet tombe rapidement malade. la chose est évidemment facile à voir ; l’expérience est concluante,