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AUGUSTE ANGELLIER PROFESSEUR

fresques des vieux maîtres. — Dans la chapelle des Espagnols elles représentent les sciences divines et les sciences humaines. Au-dessous de chaque scène est peint un personnage qui a cultivé, perfectionné cette science. Au-dessous de la musique, il ÿ a un grand bonhomme affreux avec une espèce de tête de singe. Devant lui, une enclume. Il est là, avec son marteau, comme ça. Mais, quand on regarde de près, on voit que le peintre a fait un sauvage avec une barbe non encore démêlée, parce qu’il a voulu représenter le premier homme, le premier sauvage, saisissant le premier son. C’est l’homme qui, pour la première fois, dans un bruit terrestre découvre un accord. C’est la création de la musique. La figure du bonhomme marque l’émerveillement, mais brut, pas dégrossi, avec un peu de peur, de stupeur, avec aussi comme la vision de ce que l’avenir réserve à la musique. Et le peintre exprime tout ceci avec une pauvreté, une simplicité de moyens extraordinaire. Quelles expressions subtiles et profondes ! Quelle richesse de psychologie ! On a depuis représenté des haines, des colères, des expressions académiques, des choses grossières enfin, à côté de l’art merveilleux, de la pénétration étonnante de vie qu’on voit dans ces fresques de Giotto… Ce qu’il y a de remarquable chez ces vieux peintres, qui, au premier abord, semblent si pauvres à côté de leurs successeurs, c’est la simplicité des moyens qu’ils ont pour rendre l’essence des mouvements, des gestes, toute l’intensité de la vie. Îls ont passé leur vie à observer et ils ne faisaient de la peinture que pour exprimer de la vie. »

J’ai voulu coudre ce lambeau de pourpre sur le tissu gris de ces souvenirs, pour accuser vivement combien mon effort reste en deçà de son but et tâcher ainsi de compenser un peu cette insuffisance.

Sa critique d’une dissertation n’était pas cette critique pointilleuse, tracassière, exagérément puriste qui a paralysé plus d’un esprit, Angellier commençait par admettre la thèse. Il relevait alors les défauts de composition et de style. Une dissertation, pour lui, ne différait guère de la démonstration d’un théorème : même rigueur logique, au fond, sinon à la surface, même marche directe, même avance continue, sans exclure, bien entendu, les jugements latéraux, les rapprochements, tout cet assemblage de