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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1923.djvu/109

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le « son » qu’elle a dans les syllabes et dans les mots ; si vous lui donnez un nom conventionnel, si vous la prononcez, en l’épelant, autrement qu’elle ne se prononce, en lisant, l’épellation et la lecture, qui devraient être calquées l’une sur l’autre, se contrarient et s’embrouillent. Mettre l’ordre à la place de la confusion, harmoniser les signes visuels et les signes vocaux, subordonner les premiers aux seconds, c’est toute la réforme pédagogique de Pascal. Il n’y faut pas chercher autre chose, et parce qu’il a associé l’œil et l’oreille, il ne faut pas dire par exemple qu’il fut partisan de la méthode d’association, qu’il eût associé ou intéressé tous les sens à la lecture, et eût approuvé par exemple « l’alphabet phonomimique ». La méthode de Pascal n’a rien de commun avec celles de « l’École nouvelle » — rien de commun, ni de contraire. Elle est originale, elle porte la marque de son esprit de rigueur et de netteté. Pascal est parti d’une idée très simple, qu’il poursuit jusqu’au bout et dans le détail de ses applications concrètes.

Que Pascal ait tourné son esprit vers les questions d’éducation, et vers la première et la plus élémentaire de toutes, il n’y a pas lieu de s’en étonner. Son esprit était « universel », et il remontait toujours aux principes. Il suivait en cela la tradition de sa famille : son père, rompant avec tous les usages, ne l’avait-il pas lui-même soumis à une éducation exceptionnelle, suivant des idées et un système à lui, ayant pour « principale maxime de tenir toujours l’enfant au-dessus de son ouvrage » ? Sa sœur Jacqueline n’a-t-elle pas laissé aussi un « Règlement pour les enfants », rédigé le programme d’éducation de Port-Royal ? Il appartenait à Pascal de laisser sa trace en pédagogie comme en tout le reste, d’y accomplir une réforme d’une portée considérable, qui témoigne des vues les plus simples, les plus lumineuses et les plus sages, en même temps que les plus fécondes.