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analyses. — reich. Âme du peuple.

Les influences héréditaires ne sont pas moins importantes. Le croisement des classes et des races modifie l’esprit d’un peuple, en détruisant les oppositions qui s’y rencontrent. Les maladies, en déformant à la longue l’organisme, déforment aussi l’âme du peuple : les crimes, les vices, la folie, le suicide, ont la même influence pernicieuse.

L’état intellectuel d’un peuple dépend encore de sa manière de vivre : la qualité et la quantité de la nourriture déterminent la composition du sang et du cerveau, et indirectement les dispositions de l’esprit, le nombre des crimes, etc. L’esprit dans un pays variera suivant qu’on s’y nourrira de viandes ou de légumes, de liqueurs alcooliques, de bière, de vin, de chocolat, qu’on y fera ou non usage de tabac.

Il dépendra également des soins extérieurs du corps : l’âme sera bien ou mal disposée, le cœur et le cerveau bien portants ou affaiblis selon que l’on vivra à la ville ou à la campagne, en des maisons étroites ou spacieuses, sombres ou exposées au soleil ; la salubrité des logements décide en partie des maladies, des crimes, des vices, de l’immoralité des femmes, du succès des utopies socialistes. Les exercices corporels (de là, l’utilité de la gymnastique) sont nécessaires à la bonne constitution des muscles, du sang, des nerfs, et par suite au libre jeu de l’activité intellectuelle.

Selon les climats le caractère sera gai ou triste, les habitants seront adonnés à l’industrie ou à l’agriculture, le crâne aura telle ou telle forme ; l’imagination même et la tendance aux rêves, aux hallucinations, seront plus ou moins développées. L’humidité, la pression atmosphérique, la fécondité du terrain, l’aspect pittoresque du pays, etc., exercent une action prépondérante sur l’âme du peuple, soit directement, soit en propageant certaines maladies, soit en modifiant la structure du cerveau.

Les actes, la conduite d’une nation modifient son état intellectuel. Il y aura toujours en tout pays des plébéiens et des aristocrates : mais l’Aristocratie ne jouera un rôle utile, que si elle est composée des meilleurs parmi les habitants, et ouverte à tout talent supérieur, si elle s’assimile les types les mieux organisés des diverses classes. L’influence des diverses professions est très-sensible : certains métiers altèrent l’esprit d’un pays en développant la tendance au suicide, à la folie, à l’ivrognerie. Les mœurs et les usages transforment lentement le cerveau et tout l’organisme par des modifications qui, transmises héréditairement, déterminent le cours de l’activité populaire. C’est ainsi que les idées du peuple sur l’origine et la nature de l’Univers agissent sur sa moralité et son bonheur.

Manifestations de l’Âme du peuple. — Nous avons vu quels éléments concourent à faire naître et à déterminer l’âme d’un peuple ; cherchons maintenant comment elle se manifeste.

Le tempérament de la Nation, c’est-à-dire la somme, le type des tempéraments individuels, dépend de la disposition du cerveau, et par suite de l’hérédité. Suivant leur tempérament, les peuples sont plus ou