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Dans tout cerveau sain le fonctionnement régulier et sans conflit de ces divers pouvoirs réalise l’idéal vers lequel tend le corps social : l’autonomie avec la subordination.

Telle est donc, selon nous, la substance corticale du cerveau : multiple et cependant une[1] ; mais non homogène, ainsi qu’on l’a supposé à tort. Certes, la psychologie serait fort à plaindre si elle n’avait en sa possession pour démontrer l’unité de l’intelligence que la « preuve physiologique » à laquelle Flourens accordait une valeur si exagérée, à savoir l’homogénéité de la substance corticale. Mais, comme le dit Prévost-Paradol, « localiser divers phénomènes dans des organes distincts, ce n’est point établir qu’ils émanent de forces différentes, pas plus qu’en leur assignant un seul organe, on n’établirait qu’ils émanent d’une force unique[2]. » Qui refuserait de souscrire à une réflexion si juste ?

R. Lépine,
Professeur agrégé à la Faculté de médecine,
médecin des hôpitaux de Paris.
  1. Je n’ai pas besoin de rappeler ici que depuis la découverte des nerfs d’arrêt du cœur, par Weber, et les travaux de Setschenow, la plupart des physiologistes soutiennent l’existence de centres d’arrêt dans le cerveau.
  2. Essais de politique et littérature, in-8, 1859, p. 299.