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retards ou les accélérations de ses divers moments. En Angleterre par exemple, en Suède et en Danemark, les explosions sont habituellement longues et les préparations courtes ; au contraire, dans l’empire de Byzance et en Écosse, les préparations s’allongent et les explosions s’abrègent ; de même en France, en Russie, en Turquie, en Chine, la longueur des préparations se trouve compensée par l’accélération des autres phases. La Germanie et l’Espagne s’endorment facilement dans les réactions ; l’Italie et le Portugal, dans les solutions ; et ici encore la brièveté des autres phases rétablit l’équilibre : on en peut dire autant de toutes les nations. » Qu’on ne croie pas, du reste, que l’auteur demande à être cru sur parole r il ne s’en tient pas à ces approximations et présente aussitôt après, dans un tableau détaillé, la durée moyenne des phases et des périodes pour chaque pays. Cela suppose un autre travail plus considérable ; à savoir la détermination des phases et des périodes particulières pour tout le domaine de l’histoire. Cette vaste vérification de son système, M. Ferrari l’a accomplie jusqu’au bout : il a reconnu sans difficulté chez tous les peuples et dans tous les temps les générations préparatoires, révolutionnaires, réactionnaires et résolutives, incessamment ramenées en cercle dans les mêmes limites de temps. Veut-on savoir comment se décompose à ce point de vue l’histoire de France ; on n’a qu’à recourir au tableau spécial que l’auteur en a dressé (pages 181 et suivantes), on y verra que l’histoire de France comprend 11 périodes, dont chacune a son individualité distincte et se compose de quatre générations répondant exactement aux exigences du système, c’est-à-dire encore une fois d’une première qui prépare l’avènement d’idées nouvelles, d’une seconde qui le réalise par la force, d’une troisième qui combat l’établissement nouveau sans pouvoir le renverser, et d’une quatrième où il est définitivement assis et règne sans conteste.

« Mais non-seulement la période est un fait ; non-seulement elle se manifeste dans toutes les nations par la simple statistique des générations ; non-seulement il faut lui accorder les quatre générations par l’impossibilité où l’on est de lui en ajouter d’autres, ou d’en diminuer le nombre ; mais il convient d’ajouter que la période est une loi, une nécessité, à cause de l’impossibilité où nous sommes d’atteindre le vrai sans lutter contre l’erreur… Le mécanisme même par lequel la vérité se substitue à l’erreur détermine les quatre moments de la période… Ces quatre moments de la vérité, qui commence à poindre, qui s’affirme, qui lutte contre l’erreur et qui l’abat, se précipitent dans l’individu ; mais la société a une pensée par gouvernement ; elle passe d’une idée à l’autre avec les mutations politiques ; toute erreur se construit des autels, amène avec elle ses prêtres, veut des monuments, et le oui et le non des plébiscites, se succédant pour atteindre à la vérité relative des peuples, occupent ici quatre générations (page 189). » Tel est le principe de la période ; il résulte de la nature même des générations qui s’y disposent : une génération qui