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ANALYSESferrier. — Fonctions du Cerveau.

laire et de l’attention montre que les questions psychologiques lui sont familières : il est bien différent en cela de la majorité des médecins français, pour qui toute la psychologie est dans Condillac ou qui essayent de justifier leur ignorance en déclarant que sur ces matières on ne sait rien et que l’on ne peut rien savoir de scientifique.

Nous ne résumerons point la façon dont M. Ferrier comprend le mécanisme de l’esprit, car il est impossible d’exposer une psychologie en quelques lignes : nous indiquerons seulement la signification psychologique qu’il attribue aux centres corticaux qu’il a décrits.

Les centres moteurs sont l’organe de la volonté.

Les centres sensitifs sont les organes de la conscience des impressions sensorielles immédiates : ils sont de plus le registre organique de ces impressions ; par conséquent, la base anatomique de la mémoire.

Nous avons vu que M. Ferrier localisait l’attention dans les lobes antérieurs. Il la compare à un phénomène d’arrêt, tel que ceux qui sont fournis par la physiologie nerveuse. Les lobes antérieurs agiraient sur les centres moteurs et sensitifs, en neutralisant, par exemple, un motif par un autre plus fort, de la même manière qu’un mouvement réflexe de la patte d’une grenouille est neutralisé, arrêté par une forte excitation portant sur une autre partie du corps, ou comme est supposé agir le pneumogastrique sur les ganglions du cœur. — Cette théorie de l’attention est ingénieuse ; c’est peut-être son défaut, mais c’est toujours une tentative supérieure à ces dissertations subjectives et purement logiques sur une faculté insaisissable, qui sont habituelles aux psychologues français.

Nous n’avons pu donner qu’une idée très-imparfaite d’un livre plein de détails et d’aperçus suggestifs : nous voudrions par l’analyse qui précède inspirer le désir de lire l’ouvrage tout entier.

Z.

M. Bridel (Philippe). La philosophie de la religion de Emmanuel Kant. Lausanne, 1876.

Grâce à de récents travaux, parmi lesquels nous n’hésiterons pas à mettre en première ligne la savante thèse soutenue en Sorbonne par M. Nolen, Kant commence à être connu en France. Les banales accusations de scepticisme dont on l’a si longtemps poursuivi sont plus que démodées aujourd’hui : il n’est plus permis à personne d’ignorer que la grande préoccupation du père du criticisme a été d’élever au-dessus de toute controverse les idées morales, de les « démocratiser » en quelque sorte, en les faisant passer du domaine de la science où elles soulevaient mille contradictions ou « antinomies », dans celui de la foi où elles ne redoutent, dit-il, aucune attaque. Il ne parle, dans sa