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PÉRIODIQUES. — Vierteljahrsschrift.

Analyse intéressante des modifications apportées à la logique par les travaux de Georges Boole et surtout de Stanley Jevons. Le rapprochement de l’algèbre et de la logique, qu’ont opéré ces auteurs, ne constitue pas un moindre progrès dans l’histoire de la science, que celui réalisé chez Descartes par l’union de l’algèbre et de la géométrie. Nous n’insistons pas sur cette excellente étude : la Revue philosophique doit contenir prochainement un travail étendu sur le même sujet.

W. Wundt. Ueber das kosmologische Problem.

L’éminent physiologiste, à l’exemple de Kant, reprend avec les données de la science actuelle et en déployant une vigueur dialectique qui n’est pas indigne de son modèle, l’examen du problème si souvent débattu entre les physiciens et les philosophes : le monde est-il fini ou infini ?

L’observation astronomique paraît bien, au premier abord, favoriser la supposition que l’univers est limité. Herschell a confirmé les hypothèses de Kant et de Lambert sur les dimensions finies du système des étoiles fixes. Mais l’observation ne saurait établir qu’en dehors de ce système, il n’y en a pas d’autres à l’infini qui échappent à la prise de nos plus puissants télescopes, ou se présentent comme des nébuleuses irrésolubles. Kant, vraisemblablement le premier, a émis cette opinion dans sa remarquable « Histoire du ciel. » Ce n’est donc pas évidemment avec les seules données de l’observation que le problème peut être résolu.

I. La supposition d’un univers fini.

Nous y distinguerons trois cas. L’univers est toujours conçu comme fini dans la durée, mais 1° il est infini dans l’espace et dans sa masse ; 2° il est fini dans sa masse, mais infini dans l’étendue ; 3° il est fini par son étendue et sa masse, comme par sa durée.

Les deux premières hypothèses se présentent souvent confondues dans l’histoire de la cosmologie. Kant est surtout le représentant de la première ; Laplace, dans une certaine mesure, celui de la seconde. La troisième se retrouve assez exactement dans les récentes spéculations, auxquelles la théorie mécanique de la chaleur a donné naissance.

Nous pouvons réunir dans une même étude les théories de Kant et de Laplace.

1er  et 2e  cas. Les théories de Kant et de Laplace.

Kant dit, dans l’Histoire du ciel : « La création n’est jamais achevée ; elle a bien une fois commencé, mais elle ne finira jamais. » Ses vues sur la masse sont flottantes et même contradictoires. Si, dans certains passages, il la présente comme infinie, il ne conçoit pas pourtant l’attraction sans l’existence d’un point central, où la matière était primitivement condensée et d’où elle s’est ensuite dispersée dans l’infini sous des formes variées et progressives : ce qui suppose que la masse est finie dans sa quantité. — Tandis que Kant étend son explication mécanique du monde, d’après les principes de Newton, au système d’étoiles de la voie lactée et même à l’univers entier, Laplace la limite à notre sys-