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delbœuf. — hering et la loi de fechner.

lue ? L’œil, quand il juge que le violet est différent du rouge, s’inquiète-t-il de savoir qu’un rayon violet exécute dans le même temps deux fois autant de vibrations qu’un rayon rouge ? et pourtant c’est ce qui arrive. Et c’est aussi à la fois la cause de la différence du rouge et du violet, au point que, si l’œil pouvait se mouvoir à l’encontre d’un rayon rouge aussi vite que celui-ci se propage, ce rayon lui ferait l’effet d’être violet. Plus haut nous rappelions l’exemple d’un anneau gris que l’œil juge intermédiaire entre du noir et du blanc, et où se manifeste aussi la loi logarithmique ; M. Hering nous défendrait-il d’argumenter de ce fait sous le prétexte que l’œil ne saisit pas les éclats d’après leur valeur numérique, 2, 8, 32, mais d’après les effets sentis ? Ce serait là, me semble-t-il, une prétention injustifiable.

Enfin M. Hering continuant sa revue mentionne les sens du goût et de l’odorat dont les indications n’ont été l’objet d’aucune expérience, et celui de la température que Fechner a essayé de soumettre à ses méthodes et à ses calculs, mais qui ne lui a fourni que des résultats incertains, obscurs et inutilisables. Donc, conclut le critique, la loi de Fechner, inapplicable aux grandeurs extensives, inappliquée aux goûts, aux odeurs, à la chaleur, invraisemblable pour les sensations de poids et de sons, ne s’appuie en dernière analyse que sur les sensations lumineuses ; et encore la sensation entre les accroissements de lumière réelle et ceux de lumière apparente peut s’expliquer physiologiquement sans recours à une loi psychophysique.

Le lecteur a pu constater que nous n’avons pu faire à cette conclusion sévère que quelques restrictions. À première vue, elles paraissent insignifiantes, mais nous verrons bientôt qu’elles ont une importance capitale.

IV. — Suite de Hering : défaut de généralité et fausseté partielle de la loi de Weber.

M. Hering aborde enfin l’examen de la loi de Weber, et, recourant cette fois-ci, non pas seulement à l’observation, mais à l’expérience, il montre l’insuffisance des preuves sur lesquelles elle s’appuie, et en met la fausseté partielle en évidence.

S’agit-il de grandeurs extensives, la loi ne s’est vérifiée que pour la mesure des distances par l’œil, car pour l’évaluation par le tact des différences dans les intervalles de deux pointes de compas, c’est presque le contraire de la loi qui s’est manifesté, les erreurs crois-