254 REVUE PHILOSOPHIQUE
ment transparent, si mon œil n'avait pas de paupières ni d'iris, je n'aurais pas de sensation de lumière, et je ne commencerais à voir que du moment où il se produirait un changement d'éclat dans cette atmosphère. Si donc notre œil a des sensations de lumière, c'est parce que les objets qui l'entourent présentent des oppositions et que, considérant d'abord l'un de ces objets, il se met plus ou moins à l'unisson avec l'intensité des rayons qui en émanent, puis qu'en- suite il dirige ses regards sur un autre point de l'espace d'où jaillis- sent des rayons en quantité différente.
On pourrait de même soutenir, et l'observation vient au surplus corroborer cette manière de voir, qu'une oreille accoutumée à un bruit continu et constant ne l'entendrait pas du tout, de même que le chimiste ne s'aperçoit pas des odeurs de son laboratoire.
Or, ai nous représentons par p l'intensité de la cause extérieure correspondant à un certain état d'équilibre de l'organe sensible, et si cette intensité variant devient p', la loi de Fechner, modifiée dans sa formule comme il a été indiqué plus haut, donne pour l'intensité de
.la sensation correspondant à cette variation l'expression k log ^ ou, puisque nous ne nous adressons pas ici à des mathématiciens, log ^- ; ce qui veut dire que la cause excitante ayant crû dans le rap- port de p à p', par exemple, de 27 à 36, la sensation est proportion- nelle au logarithme de ce rapport, soit le logarithme de 4/3. L'organe soumis à l'action de la cause d'intensité p' s'accommode peu à peu au nouvel état qu'elle tend à lui imprimer, la sensation va en s'af- faiblissant , en se dégradant , parce que de l'état correspondant à 27 il passe successivement à des états correspondant à 28, 29, 30, etc. ; et arrive en fin de compte à l'état correspondant à l'inten- sité 36. Alors la sensation cesse : le rapport ^ devient égal à 1, et le logarithme de l'unité est égal à 0. Or quand il est dans cet état, quand la sensation est log £ = 0, si j'introduis un nouveau con- traste, en élevant l'intensité de la cause extérieure de p' à p", la sensation sera proportionnelle à log ^, et si je veux que cette sen- sation soit égale à la précédente, il faudra nécessairement que j'aie
d" d'
'^f = ^ . Dans l'exemple choisi il faudra que p" soit égal à 48, car
4. J'ai dit de cette formule {Théorie, etc., p. 26) qu'elle me paraissait des- tinée à remplacer celle de Weber.
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