dairement, en vertu d’une espèce d’action réflexe, une partie des impressions reçues vers les hémisphères, où elles se combineraient avec les impressions sensorielles proprement dites, pour former des images intellectuelles, des idées. D’après cette manière de voir, les lobes cérébraux ne seraient donc qu’un lieu de rencontre pour ces deux catégories d’impression, et non la station terminale où elles viendraient aboutir. Sans doute l’existence de deux substances cérébrales histologiquement distinctes s’oppose à l’opinion qui considère le cerveau comme un organe exclusivement destiné à l’action réflexe, n’ayant pas l’office de conduire directement les impressions ; mais il fallait, s’il était possible, chercher des preuves directes ou du moins des arguments de probabilité en faveur de l’une ou de l’autre de ces manières de voir.
« Quant à la seconde de nos questions, relative au mode selon lequel les impressions sensorielles et sensitives directes, parvenues jusqu’au cerveau, se réunissent et se combinent pour former des perceptions, il ne faut pas nous dissimuler que tout ce qui a été dit à ce sujet jusqu’aujourd’hui, ne repose que sur des hypothèses ou des analogies, et que la science ne possède pas un seul fait direct, expérimental, apte à indiquer que la transformation des impressions en perceptions est un phénomène soumis aux lois générales du mouvement. On verra, par ce qui va suivre, que si nous n’avons pas réussi à trouver la solution définitive du problème, du moins nous nous en sommes rapprochés beaucoup plus que cela n’a été possible, avec les moyens mis en usage jusqu’ici.
« Pour résoudre la première question, nous devions avant tout chercher un moyen propre à nous faire reconnaître dans le nerf le fait de la transmission, indépendamment de l’action réflexe et des mouvements qui en dépendent. Tout le monde sait que l’état d’activité ou d’inactivité d’un nerf ou d’une partie des centres nerveux, ne se manifeste par aucun signe direct ; c’est donc indirectement qu’il fallait essayer de le reconnaître. Pour les troncs nerveux en activité, on a trouvé le caractère que nous cherchons, dans les changements de leur état électrique ; mais ce caractère ne peut servir à l’étude que nous nous proposons, puisqu’il n’est reconnaissable que dans les segments du système nerveux, entièrement isolés du corps, et qu’il est impossible, par conséquent, de l’observer sur des parties centrales non mutilées, au moment de la transmission nerveuse. En revanche, nous croyons avoir trouvé un caractère tel qu’il nous le fallait, dans les phénomènes calorifiques qui se produisent dans le tissu nerveux, par l’effet de la transmission et indépendamment des altérations de la circulation.