Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, III.djvu/537

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
527
ANALYSESharms. — Die philosophie seit Kant..

Nous résumons en peu de mots notre jugement sur le livre de M. Harms. Ce livre est curieux et intéressant, facile à lire, plein de vues ingénieuses et de réflexions justes. Il conserve, même à côté des nombreux écrits sur l’histoire de la Philosophie allemande, une incontestable valeur, tant sous le rapport de l’exposition des doctrines que par les observations de détails qui s’y joignent. Mais la thèse générale, qui y est soutenue et que l’auteur a essayé de faire prévaloir, n’est nullement démontrée. L’opinion qui jusqu’ici a toujours représenté la Philosophie allemande comme ayant essentiellement une tendance métaphysique et spéculative, dont le caractère est l’idéalisme, reste debout. La thèse de M. Harms ne saurait la renverser.

Ch. Bénard.

Schmid (Rudolph). Die Darwinisghen Theorien und ihre Stellung zur Philosophie, Religion und Moral. (Les théories Darwiniennes, et leurs rapports avec la philosophie, la religion et la morale), (Stuttgart, Paul Moser, 1876.)

L’auteur se propose de montrer que les principes essentiels de la foi religieuse peuvent se concilier avec ce qu’il y a de solide dans les récentes découvertes de l’école darwinienne. Nous n’osons pas dire qu’il y réussisse complètement. Son livre n’en a pas moins le mérite de mettre habilement en lumière les contradictions, les faiblesses, les lacunes nombreuses des diverses théories auxquelles le Darwinisme a donné naissance.

Le trait dominant de notre époque, observe judicieusement Schmid en commençant, c’est le besoin non-seulement de rattacher tous les phénomènes, ceux de l’esprit comme ceux de la matière, les plus sublimes comme les plus vulgaires, à leurs conditions dans le temps et dans l’espace, mais de les expliquer uniquement par ces conditions. Le monisme, sous sa double forme de panthéisme ou de matérialisme, ne traduit et ne satisfait, au fond, que cette tendance. Comme le monisme contemporain emprunte de préférence ses arguments au Darwinisme, les principes et les applications de la théorie darwinienne s’imposent à l’examen des défenseurs de la foi religieuse et morale. C’est sur le terrain même du Darwinisme, que les partisans de la finalité doivent se mesurer avec les adeptes du mécanisme.

Schmid distingue avec soin et examine successivement les théories purement scientifiques de l’école de Darwin, et les conséquences philosophiques qui en ont été déduites, soit en cosmologie, soit en métaphysique,

L — Les théories purement scientifiques. Darwin a placé en tête du livre sur l’Origine des espèces une excellente histoire de sa doctrine,