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périodiques. — Mind.

deux fut transféré dans un autre monde. Aussi, lorsqu’au xviiie siècle, la morale tendit à redevenir laïque, le problème antique se présenta de nouveau. — M. Sidgwick soutient qu’actuellement, malgré de nombreuses dissidences, la plupart des Écoles ne sont pas éloignées d’admettre le bien commun (Common Good) comme critérium, comme fin dernière des lois morales. — Cet « Hédonisme universel » peut être attaqué à deux points de vue : l’un idéaliste, l’autre matérialiste. L’auteur entend par ce dernier la doctrine des conditions d’existence, telle que Darwin l’a exposée dans sa Descent of Man. M. Sidgwick discute ces deux théories rivales, sans dissimuler quelques difficultés inhérentes à sa propre théorie.

Dans son travail sur L’espace d’après Kant et les mathématiques modernes, M. Land discute l’article de Helmholtz publié dans Mind sur ce sujet et dont nous avons parlé (tome II, p. 317). L’auteur défend la thèse de Kant contre les mathématiciens, et s’attache à montrer que le point de vue de la science est tout différent de celui de la théorie de la connaissance ou de la métaphysique critique. « Même en admettant que notre esprit est capable d’imaginer diverses sortes d’espace, il n’en faudrait pas moins soutenir que la seule forme possible d’intuition actuelle pour un esprit comme le nôtre, affecté par des choses réellement hors de nous, c’est l’espace euclidien. »

Logique fondamentale, par J.-J. Murphy. On peut soutenir trois opinions au sujet des rapports de la logique et des mathématiques : 1° les mathématiques sont une application spéciale de la logique ; 2° la logique est une branche des mathématiques ; 3° toutes deux sont des sciences coordonnées. L’auteur adopte cette dernière opinion. — Tandis que l’on admet généralement que la mathématique repose sur un rapport fondamental, l’égalité, et la logique sur un autre rapport fondamental, l’identité, M. Murphy soutient avec Stuart Mill que le fondement de la logique c’est la coexistence et non l’identité. Il soutient aussi « que c’est une profonde erreur de penser que la logique dépend de la psychologie et d’appeler les lois de la logique les lois de l’esprit….. Les lois de la logique, différant en cela des lois de l’association des idées,ne dépendent pas de la structure de l’esprit ; elles sont les lois de la pensée, parce qu’elles sont les lois de l’univers. »

M. W. G. Davies, en traitant de la Véracité de la Conscience, se propose de défendre le réalisme naturel contre l’idéalisme — non toutefois le réalisme si peu philosophique de Reid et de ses successeurs immédiats. Sa critique porte principalement sur les Institutes of Metaphysics de Ferrier. Il distingue une conscience double (qui n’existe selon lui que pour le toucher et le sens du mouvement) et une conscience simple (pour tous les autres sens). Tandis que la conscience simple (considérée comme une affirmation primitive) révèle simplement sa propre existence à titre de fait immédiatement vérifié, la double conscience (considérée comme une affirmation primitive) révèle directement et clairement l’existence d’un non-moi à titre de fait immé-