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ANALYSES. — Bibliotheca philosophorum mediæ ætatis.

plus une action est difficile et compliquée, plus elle dépend de connaissances théoriques profondes. Considérez d’autre part les sciences. Les recherches de détail, celles de l’entomologiste, de l’helminthologiste, du grammairien, n’ont que des conséquences insignifiantes. Au contraire les considérations générales des sciences, de l’histoire du monde, de l’économie politique, de la psychologie, etc., etc., sont éminemment pratiques. La philosophie étant la théorie la plus universelle se trouve par là même être la science pratique par excellence, et en dehors de ses vues systématiques, la vie active n’est, comme le disait Socrate, qu’une routine.

M. Horwicz termine son travail par un chaleureux appel aux esprits élevés en faveur d’une nouvelle et puissante propagande philosophique et morale. Il remarque au sein même de sa nation de nombreuses traces d’une corruption inquiétante. Contre ces éléments de dissolution que peut la philosophie ? Elle doit s’attacher davantage aux problèmes de la vie morale et sociale, n’eût-elle d’autre espoir que de réfuter tant d’erreurs, de préjugés pernicieux, comme cette idée pitoyable : qu’ « être matérialiste et athée est la véritable marque d’un esprit conséquent avec lui-même et doué d’une grande pénétration », ou cette autre : que « le radicalisme politique est identique à l’amour de la liberté et au libéralisme. » Elle devra encore étudier de plus près les fondements naturels des croyances et des aspirations religieuses pour en montrer la nécessité. Enfin, elle recherchera les véritables conditions de la vie sociale et le but idéal de l’État. L’important, c’est, en effet, de réchauffer les âmes au foyer d’une philosophie moralement « idéaliste », d’exalter les cœurs par la foi à l’idéal, aujourd’hui malheureusement éteinte. Telle est la mission présente d’une véritable philosophie de l’avenir.

A. Debon.

Bibliotheca philosophorum medæ ætatis. — Bemardi Silvestris, de Mundi universitate libri duo ; publiés par MM. Charles Sigismond Barach et Jean Wrobel. Innsbruck, Wagner, 1876, in-8.

M. Charles Sigismond Barach a résolu de nous donner une Bibliothèque des philosophes du moyen-âge. C’est un louable dessein. On aurait dû le former en France, à Paris, dans cette ville qui fut, au moyen-âge, l’école principale, le séminaire des philosophes, et qui possède encore les plus nombreux, les meilleurs exemplaires de leurs ouvrages inédits. Mais le public l’aurait-il, en France, suffisamment secondé ? Les Œuvres philosophiques d’Abélard, ce recueil si précieux, que précède une si belle introduction de M. Cousin, en combien de nos bibliothèques privées les trouve-t-on ?

Si l’entreprise avait eu pour auteurs des érudits français, elle aurait