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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/165

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delbœuf. — la loi psychophysique

et au violet ce que le chaud est par rapport au froid, la vive clarté par rapport aux lueurs blafardes, les bruits étourdissants par rapport aux légers murmures. Je n’ai pas ici à en dire davantage[1].

Un dernier mot. La formule de Fechner le conduit à admettre entre l’âme et l’extérieur une force psychophysique mystérieuse dont les allures sont étranges, puisqu’elle agit ou réagit différemment sur les deux termes entre lesquels elle est placée. La formule que je lui substitue permet de remonter plus directement à la cause de la sensation et de la placer dans le travail exprimant l’action même de l’excitation sur la substance sensible.

J. Delbœuf.

Pendant que les lignes qui précèdent étaient livrées à l’impression, M. Georg Elias Mueller, privat-docent à l’Université de Göttingen, a fait paraître un ouvrage sur le fondement de la psychophysique (Zur Grundlegung der Psychophysik, kritische Beiträge ; Berlin, Grieben, 1878, XVI, et 424 pages in-8o). Je me suis hâté d’en prendre connaissance. Il ne conviendrait pas, après un examen aussi rapide et nécessairement superficiel, de porter sur un ouvrage d’une si haute importance un jugement motivé dans ses détails. Je mécontenterai d’en donner un court aperçu. Je puis cependant dire, sans crainte de me tromper, que l’auteur fait preuve du plus grand savoir, d’un sens critique très-développé, et d’une connaissance complète de son sujet. Il procède en outre avec beaucoup d’ordre, de méthode et de clarté. Son livre ne présente à la lecture d’autres difficultés que celles qui sont inhérentes au fond.

Le but du critique est de rechercher jusqu’à quel point la loi psychophysique est fondée en raison et en fait. Il examine en conséquence si l’on peut avoir une confiance absolue dans les méthodes employées ; si les expériences sur lesquelles elles s’appuient sont péremptoires et suffisantes ; quelle valeur il faut accorder aux diverses interprétations données de la loi de Weber, et quel est le degré de vraisemblance des corrections ou des modifications diverses qu’on a proposé de lui faire subir. Je vais donner les conclusions de fauteur sur tous ces points.

Des quatre méthodes aujourd’hui connues, la plus générale et la plus complète est celle des cas vrais et faux ; mais, dans la manière

  1. J’exposerai prochainement dans la Revue scientifique les résultats principaux de nos recherches.