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ANALYSESj. huber. — Die Forschung nach der Materie.

pensée, tout en agissant, reste elle-même ; elle distingue en elle l’objet et le sujet, mais c’est une distinction idéale et toute formelle, qui ne sépare pas l’être pensant en deux parties ; il reste un, il réalise l’unité dans sa conscience. Ainsi, de toutes les forces et de toutes les activités que nous connaissons, c’est à la pensée qu’il faut rapporter, comme à leur fondement, toutes les relations innombrables du monde, depuis l’harmonie des mouvements célestes jusqu’aux réactions des atomes. Notre pensée, à laquelle, dans la suite de ses recherches, l’univers avait d’abord apparu comme un monstrueux mécanisme d’atomes morts, plus tard comme la réaction d’éléments homogènes, plus tard encore comme un organisme formé de membres animés ou de monades, trouve enfin le véritable principe du mécanisme, des relations chimiques, de l’organisme spirituel, dans une pensée, mais dans une pensée originale, qui n’est pas conditionnée, comme celle de l’homme, et réduite à concevoir après coup un monde déjà donné et ordonné, mais bien créatrice, absolument déterminante et antérieure à tout ce qui est. La matière s’évanouit ainsi par degrés, et elle n’apparaît plus que comme le voile d’Isis derrière lequel se montre, condition de toutes choses et présent partout, l’Esprit absolu. »

A. Penjon.

E. Zeller. — La Philosophie des Grecs, considérée dans son développement historique, traduite de l’allemand par E. Boutroux. Paris, Hachette, 1877.

M. E. Boutroux vient de publier le premier volume de sa traduction de la Philosophie des Grecs par M. E. Zeller. On sait de quelle célébrité ce livre jouit en Allemagne surtout depuis que l’auteur Ta entièrement refondu et que, dans les dernières éditions, il lui a donné des proportions beaucoup plus considérables. L’ouvrage n’a pas moins de cinq forts volumes en allemand ; il y en aura dix dans la traduction française. Le premier que donne aujourd’hui M. E. Boutroux contient seulement l’histoire des deux grandes écoles qui ont occupé les premières la scène philosophique en Grèce : l’École ionienne et l’École pythagoricienne.

Elle est précédée d’une Introduction du traducteur, qui a déjà été publiée dans cette Revue (V. nos 7 et 8, 1877), d’une Introduction de l’auteur, de Préliminaires sur les antécédents et les origines de la philosophie grecque, sur la division et l’enchaînement des systèmes.

Nous avons d’abord à louer le traducteur pour les mérites de son travail. Sa traduction, claire, précise, élégante, est d’une parfaite exactitude, fidèle sans assujettissement servile au texte. On y reconnaît un esprit à la fois versé dans la connaissance de la langue allemande et des systèmes dont il est l’interprète, soucieux néanmoins de conserver à notre idiome tous ses droits et de satisfaire à ses exigences. Cette