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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS




VIERTELJAHRSSCHRIFT FÜR WISSENSGHAFTLIGHE PHILOSOPHIE.


1re  année ; 4e  livraison.

Avenarius : Sur la position de la psychologie par rapport à la philosophie. — Avant de déterminer l’influence que la psychologie exerce sur la philosophie, il faudrait commencer par bien définir cette dernière. On n’en a pas encore malheureusement de définition satisfaisante et universellement acceptée. Si l’on s’arrête provisoirement à la considérer comme une solution proposée à cette question : Qu’est-ce que le monde ? il s’ensuit nécessairement que la philosophie s’aide des autres sciences, et que la psychologie peut revendiquer sa part dans ce concours.

Elle a d’abord plutôt subi qu’influencé les conceptions de la métaphysique. Plus tard, elle s’attache au problème de la connaissance. Tantôt elle considère les objets transcendants, les choses en soi comme accessibles à la pensée ; tantôt elle reconnaît que le sujet mêle ses éléments propres aux données de l’expérience. Le métaphysicien est alors obligé de tenir compte de cet élément subjectif, pour déterminer la véritable nature de l’objet ; la psychologie devient pour le philosophe un auxiliaire indispensable. Et successivement les qualités sensibles, les propriétés mathématiques et logiques sont enlevées à l’objet, qui reste un noumène inconnaissable. Une nouvelle évolution de la psychologie conduit la métaphysique à transformer ce concept purement négatif de la chose en soi en une notion positive. Le psychologue fait observer que la réalité du moi ne saurait être contestée : on en conclut aussitôt qu’on peut, par analogie avec lui, connaître les autres êtres. De là l’idéalisme des successeurs de Kant. — Bientôt les sciences expérimentales reprennent le dessus sur la métaphysique et soutiennent que, pour résoudre l’énigme du monde, il faut se confier à leurs instruments et aux perceptions, qui en dérivent. Mais le psychologue n’a pas de peine à remarquer que faire reposer la vérité des théories sur celle des perceptions sensibles, c’est toujours comparer des représentations à des représentations : ce n’est pas sortir de la subjectivité.

L’ancien problème : Qu’est-ce que le monde ? doit donc se traduire