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périodiques. — Vierteljahrsschrift

par cette autre formule : Comment le monde est-il pensé ? Et l’analyse psychologique constate que la pensée n’a pas d’autre objet que de coordonner systématiquement l’infinie diversité des impressions sensibles. La philosophie n’apparaît donc plus que <s comme une réaction « de l’organisation psychophysique de l’homme contre la totalité des impressions. » Elle a son centre véritable d’explication dans l’analyse psychologique, qui résout tous les éléments de la réalité en mouvements et en sensations et n’assigne à la philosophie d’autre tâche que de les ramener à l’unité de la pensée. La doctrine qui triomphera dans la lutte pour l’existence des systèmes est celle qui sera la plus fidèle à cette double tendance empirique et monistique.

Paulsen : Sur le concept de substance. — Il ne s’agit pas de chercher la véritable définition de ce concept : Hume l’a trouvée depuis longtemps ; mais d’écarter les objections que le sens commun et une certaine philosophie opposent à la théorie de Hume, comme, du reste, à la définition spinoziste de la liberté. L’histoire nous montre que le sens du mot substance a varié suivant les écoles : mais ni la doctrine des atomes, ni celle des monades, ni le dualisme des deux substances n’ont réussi à satisfaire mieux le sens commun que la critique. Reprenons donc le problème, à notre tour. Comment distinguer la substance de ses modes ? Elle n’exprime, en dernière analyse, que la prétendue nécessité d’un support pour les phénomènes. C’est ainsi qu’autrefois l’imagination ne concevait pas qu’un corps pût demeurer immobile, sans être supporté ou retenu par un autre, et que la légende indienne fait reposer la terre sur un éléphant, et celui-ci sur une tortue. La nécessité logique à laquelle on veut rattacher l’axiome de substance n’est qu’une loi de l’habitude. Elle traduit aussi la disposition qu’éprouve l’esprit irréfléchi à croire que chaque nom exprime une réalité, et cela d’autant plus que les noms de substances ont le privilège d’être toujours sujets dans le discours. À quoi bon, en un mot, ces substances que nous ne saisissons pas et dont les qualités seules nous intéressent ? — C’est à Locke, à Hume, enfin à Mill qu’il faut en revenir. Hume ne voit dans la substance qu’une somme de forces ou propriétés. Mill la définit plus rigoureusement encore : « un groupe de sensations possibles coexistant d’une manière permanente. » Sous la diversité des termes, le concept du réel ou de la substance est, chez Lotze, assez voisin de celui de Mill ; à plus forte raison, ne se distingue-t-il pas de celui de Kant ou de Comte.

Gunther : Le Concept philosophique et mathématique de l’infini. — Réplique à un précédent article de Lasswitz. La raison des erreurs de ce dernier tient, suivant Günther, à ce qu’il fait de la mathématique une science empirique.

C. Göring : Sur le concept de l’expérience (2e article). — Ce second article est une réfutation étendue de l’a priori kantien. « Le charme mythologique », nous citons Göring, « de l’a priori n’agit plus actuellement que sur un petit nombre d’esprits ; la certitude apodictique de