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au Tasse, « ce n’est pas un grand philosophe, c’est une âme philosophique qui représente aux générations tout le drame de la conscience en voie de renouvellement. » Nous ne garantirions pas qu’il fût nécessaire de remplir tant de pages pour exposer les chétives doctrines d’un écrivain qui fut poëte avant tout, et nous ne serions pas étonnés que le style de l’auteur parût quelque peu emphatique. Le cadre est plus grand que le tableau. Mais, sans un grain d’enthousiasme et d’exagération, ces sortes de monographies ne verraient jamais le jour, et ce serait en définitive l’histoire générale qui en souffrirait.


Dr Giuseppe Ricca-Salerno. Sulla Teoria del capitale. — Saggio. Ulrico Hœpli, éd. Milan, 1877. In-12, 150 p.

L’économie politique ne touchant à l’objet de cette revue que par sa méthode et ses lois les plus générales, et le présent essai ayant un caractère spécial, nous devons nous borner à le mentionner, sans que notre silence implique le moins du monde un jugement défavorable.


Baldassare Labanca. Della Dialettica. — Cellini, éd. Firenze, 1876. Seconda edizione. In-12, 524, 502 p.

La lecture de ce livre nous plonge dans des réflexions mélancoliques. Voilà un homme sérieux, méditatif, tout entier adonné à la recherche de la vérité, qui nous présente en deux volumes compactes, sur les plus importants problèmes de la métaphysique et de la cosmologie, des solutions dont il est très-satisfait. Un groupe assez nombreux d’hommes non moins graves, ses compatriotes, accueille son ouvrage avec admiration ; ils se demandent seulement « ce qu’on y doit le plus admirer de l’étendue de ses recherches ou de la puissance de son génie, de la richesse de son érudition ou de la convenance de son style, et de la pénétration de ses jugements, » (Filosofia delle scuole Italiane, février 1876, p. 122.) Et nous, après un examen attentif du même ouvrage, nous n’y pouvons voir qu’une construction en l’air, un jeu d’esprit aussi pénible qu’ingrat, un grand et honorable effort dépensé en pure perte. Ils se trompent, ou nous. Qui jugera entre les uns et les autres ? Ceux qui aspireraient à le faire ne seront-ils pas sujets à la même illusion ?… Mais ne nous laissons pas aller à ces pensées décourageantes. Le temps jugera, et la majorité des esprits cultivés dans les deux mondes. En attendant, nous n’avons qu’un parti à prendre : apprécier les choses avec notre jugement, tel que les circonstances l’ont fait.

À ne considérer que le fond des doctrines, ce livre n’a rien qui soit fait pour nous séduire ni pour nous déplaire : en somme, c’est l’exposé d’une métaphysique connue, celle de l’idéalisme tempéré, qui est celle même de notre spiritualisme français, avec un léger penchant vers le panthéisme. Mais ce qui nous étonne, c’est la méthode de l’auteur et la forme qu’il a donnée à son exposition tout entière. Cette meta-