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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/546

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C’est par l’action de ces pouvoirs sur l’âme universelle, jointe à la toute-puissance dont celle-ci jouit, que s’accomplit la création, c’est-à-dire la manifestation de l’univers sensible, décrite dans les termes suivants par le Védânta-Sâra :

L’intelligence, c’est-à-dire Brahma, ayant pour attribut l’ignorance douée de ses deux pouvoirs, est par elle-même la cause efficiente du monde, mais elle en est la cause matérielle par l’effet de l’attribut auquel elle est jointe, de même que l’araignée est par elle-même la cause efficiente de sa toile, tandis qu’elle en est par son corps la cause matérielle[1].

L’intelligence ayant pour attribut l’ignorance douée de son pouvoir de projeter et dans laquelle prédomine la qualité de ténèbres[2] (tamas) donne naissance à l’éther, l’éther à l’air, l’air au feu, le feu aux eaux et les eaux à la terre. On peut induire la prédominance de la qualité de ténèbres dans les éléments, de ce fait que l’intelligence leur manque. Ces éléments sont les éléments subtils, que ne perçoivent pas les sens ; ils donnent naissance aux corps subtils et aux éléments grossiers, ou à ceux que perçoivent les sens[2].

Les corps subtils sont ceux qui contiennent les dix-sept parties, à savoir : les cinq organes de perception, la buddhi et le manas, les cinq organes d’action et les cinq esprits vitaux[3].

Les cinq organes de perception sont l’ouïe, le toucher, la vue, le goût et l’odorat. Ils sont issus des parties distinctes de la qualité de sattva de chaque élément correspondant, c.-à-d. que l’ouïe est issue de parties de sattva de l’éther, le toucher de parties de sattva de l’air, la vue de parties de sattva du feu, le goût de parties de sattva des eaux et l’odorat de parties de sattva de la terre[4].

La buddhi est la fonction de l’organe interne qui a pour objet la détermination (niçcaya).

Le manas est la fonction de l’organe interne qui a pour objet le jugement (samkalpa) et le doute (vikalpa).

Ces deux fonctions contiennent la pensée (citta) et la conscience individuelle (ahamkâra).

La pensée est la fonction de l’organe interne qui consiste dans l’examen (anusamdhâna)[5].

  1. Véd.-Sâra, no 40.
  2. a et b C’est une des trois qualités de la matière dont nous avons déjà parlé ; les deux autres sont, le rajas ou la passion et le sattva ou la pureté. C’est la prédominance de l’une ou l’autre de ces qualités qui détermine le caractère plus ou moins aveugle ou lucide, ardent ou apaisé, des impressions ressenties par les organes qui servent l’entendement.
  3. Véd.-Sâra, nos 41, 42 et 43.
  4. Véd.-Sâra, nos 44 et 45.
  5. Véd.-Sâra, no 46.