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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS




PHILOSOPHISCHE MONATSHEFTE.


Année 1877. — Livraisons IX et X.

L’Idée de Dieu dans la philosophie Indienne, par Hermann Jacobi. — Analyse très-développée de deux articles du « Pandit », revue sanscrite de Bénarès, qui reproduisent une discussion engagée, entre lettrés indigènes, sur la question de la providence divine. Rien ne saurait donner une idée plus exacte des principes et de la méthode des philosophes indiens. Depuis mille ans, on peut dire que rien n’y a été changé et que l'influence des idées européennes ne s’y est pas encore fait sentir. L’étude attentive de cette très-instructive communication montre que les philosophes indiens se résignent moins volontiers que beaucoup de penseurs européens aux notions contradictoires qu’enveloppe trop souvent la conception du divin, et que la difficulté de concilier les attributs métaphysiques et les attributs moraux de l’être absolu a depuis longtemps exercé leur sagacité dialectique. — Un rapide et substantiel exposé des théologies indiennes précède et éclaire heureusement la traduction des deux fragments du Pandit, et prouve avec une indiscutable évidence que le but commun des théories panthéistiques du Sankhya, du Yoga et du Vedanta, comme du Nyaya et du Vaiceshika, c’est de définir l’essence de l’âme et de l’affranchir, par la science, de l’illusion de la vie et de la réalité sensible.

Les Axiomes de la géométrie, par Benno Erdmann. — J. H. Witte, tout en rendant justice au talent et à la science de l’auteur, ne croit pas qu’il ait réussi plus que ses devanciers à rendre supportables pour les philosophes les théories de Gauss, de Riemann et d’Helmholtz sur la géométrie à n dimensions. Le jugement suivant, que Lotze a porté sur elle dans sa Logique, n’est en aucune façon réfuté par l’argumentation de B. Erdmann : « S’il est certain que le nom d’espace ne traduit pour nous que l’ordre systématique, auquel nous ramenons cette intuition primitive, inexplicable par des considérations purement arithmétiques ; il n’est pas moins certain que c’est jouer avec des subtilités logiques que de donner encore le nom d’espace à un système de quatre ou cinq dimensions. Il faut se tenir en garde contre tous les essais de ce genre. Ce sont là les grimaces d’une prétendue science qui cherche à effrayer le bon sens par des paradoxes absolument stéiriles, et à le tromper sur son droit en l’enfermant dans les subtilités de ses concepts. »