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tannery. — essais sur le syllogisme

semble qu’il y ait là une application de la loi qui gouverne l’âme pendant toute la durée du sommeil, loi qui peut s’exprimer ainsi : faute de sensations, des images, ou : l’imagination supplée la sensation empêchée. La distraction reproduit ainsi d’une manière intermittente au milieu même de la veille plusieurs des faits caractéristiques du sommeil. Réciproquement, l’on peut dire que l’activité cohérente propre à la veille est proportionnelle au degré de l’attention.

Il ne faudrait pas croire que toute vision rapide et inattentive soit nécessairement suivie d’une image inexacte ; cela arrive seulement de temps en temps, et il est difficile de déterminer dans quelles conditions le phénomène se produit, dans quelles conditions il n’a pas lieu. D’autres fois, l’image est exacte, bien que postérieure de quelques instants à la vision ; d’autres fois, il n’y a aucune image. Mais le lapsus oculorum, quand il a lieu, a toujours les caractères que je viens d’indiquer : il consiste toujours dans la substitution à un visum trop faible pour être conscient, d’une image visuelle douée par elle-même d’une tendance préalable à la reproduction, et d’ailleurs analogue à ce visum ; pour le commencement et la fin des mots, cette analogie va volontiers jusqu’à l’identité.

Victor Egger.



ESSAIS SUR LE SYLLOGISME


II. — L’application de l’algèbre au syllogisme de école[1].

(dernier article).

I. Les diverses tentatives qui ont été faites, plus ou moins récemment, pour représenter les propositions logiques par un symbolisme algébrique, ont supposé en général que la copule est devait être remplacée par le signe de l’égalité. Il en résulte que, puisque dans toute égalité l’ordre dans lequel on écrit les deux membres est indifférent, toute proposition symbolisée se trouve immédiatement convertible.

C’est également le résultat auquel conduit la quantification du prédicat, et il est facile de reconnaître que cette opération est réellement le fondement des divers systèmes d’algorithmie logique qui ont été proposés jusqu’à présent.

On sait d’ailleurs que la quantification du prédicat bouleverse l’antique théorie du syllogisme de l’école ; mais les novateurs doivent être

  1. Voir la Revue philosophique, tome VI, p. 68.