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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/327

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analyses. — Flint.. The Theism.

de l’homme pour l’homme. — Morale eudémonique, diront les rigoristes kantiens. — Mais la maxime kantienne elle-même, d’après laquelle toute maxime d’action doit pouvoir être ramenée à une règle universelle d’action, qu’est-ce autre chose, demande Lotze, que le principe logiquement formulé de l’utilité générale ? Le monde est-il donc tellement esclave de l’étiquette qu’il doive uniquement viser à des résultats purement formels ?

M. Gizycki ne songe nullement à contester le caractère catégorique du devoir. Tout état de la conscience morale individuelle est la conséquence d’une comparaison établie par chacun de nous entre nos propres actions et l’idéal humain. On ne peut rappeler le passé, sans doute : mais que de fois on voudrait qu’il n’eût pas existé ! Les différences individuelles expliquent du reste les nuances diverses du sens moral.

IV. Religion. — Cette dernière partie répond au reproche d’impiété souvent adressé à la doctrine de l’évolution. M. Gizycki, on l’a vu, croit à une finalité immanente de la nature, mais inséparable du mécanisme universel des phénomènes. L’esprit n’est pas pour cela dans la dépendance de la matière, puisqu’au terme des efforts de la nature il triomphe avec l’homme des liens de la matière. Cette finalité universelle, cette continuité absolue des choses prouvent assez l’existence d’un premier principe.

L’ouvrage de M. Gizycki se recommande de lui-même par la variété des questions qu’il traite, par la clarté de l’exposition, et l’abondance des emprunts aux meilleures sources philosophiques.

A. Debon.




R. Flint. — Theism, being the Baird Lecture for 1876, Edinburgh and London, Blackwood, 1877.

L’auteur de la Philosophie de l’histoire en France et en Allemagne, M. le professeur Robert Flint, vient de pubher, sous le titre de Theism, un ensemble de dix leçons faites successivement à Glascow, Saint-Andrew et Edimbourg. Sans prétendre à une grande profondeur métaphysique, ce livre est pourtant d’un philosophe. Il expose avec une méthode irréprochable, une clarté élégante, les preuves traditionnelles de l’existence de Dieu ; il les fortifie sur certains points et les renouvelle par les données les plus récentes de la science contemporaine. Ce livre sera d’ailleurs prochainement complété par un autre où seront discutées et réfutées les principales doctrines qui de nos jours battent en brèche les dogmes essentiels de la religion naturelle.

M. Flint commence par établir que la question de savoir s’il y a un Dieu — c’est-à-dire un être existant par lui-même, éternel, infini en puissance, en sagesse, en bonté, créateur du ciel et de la terre — est de la plus haute importance pour la morale et pour la science même.