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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/427

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analyses. — horwicz. Psychologische Analysen

sont les uns et les autres dans le vrai : la marche de notre pensée est, en effet, régie tout entière par les deux grandes lois d’identité et de causalité, mais ces deux lois ne sont pas en nous à l’état d’idées, d’axiomes innés et achevés ; ce sont des catégories qui président au développement de nos passions et de nos actions, parce qu’elles sont les principes de notre existence même[1].

III. Les explications précédentes n’ont porté que sur l’évolution subjective de la pensée ; il s’agit de passer dans le domaine des réalités objectives, M. Horwicz ne pense pas qu’on puisse parler d’une théorie de la connaissance tant qu’on n’a pas prouvé l’existence réelle des objets de la connaissance. « Les théories kantiennes, dit-il dans sa préface, quelque subtilité de dialectique qu’on mette à les raffiner de nos jours, ne peuvent pas nous satisfaire un instant en présence de l’édifice colossal de la science et du pouvoir qu’elle nous confère sur la nature. La première chose qu’ait à faire l’investigateur sincère est d’avoir toujours présent à l’esprit ce principe : nous connaissons les choses et pouvons les gouverner d’après cette connaissance que nous en avons. Notre connaissance n’est pas une apparence subjective, mais une image assez ( ?) fidèle des choses. Il ne faut donc pas se demander si notre connaissance est objective, mais pourquoi et comment elle l’est » (die Frage ist nun nicht mehr auf das Ob, sondern auf das Wie und Warum gerichtet). Nous ne demandons pas mieux que de sortir avec M. Horwicz du « trou au charbon » où (suivant l’expression d’un de nos plus fins moralistes) la critique de Kant nous a enfermés : encore faut-il en sortir par la grande porte. Voyons si l’issue trouvée par notre auteur mérite ce nom.

Toute sensation comprend deux éléments : un élément externe et un élément interne. L’élément interne se réduit dans tous les cas, d’après les données et les hypothèses de la science moderne, à un mouvement vibratoire plus ou moins rapide ; à ce mouvement vibratoire externe correspond sans doute un mouvement vibratoire de la substance nerveuse, beaucoup plus lent assurément, mais dans un rapport fixe (peut-être le rapport du logarithme au nombre) avec le mouvement externe. Une sensation isolée ne constitue pas une connaissance : d’abord parce que toute connaissance implique une reconnaissance, ensuite par la raison que, considéré isolément, le mouvement interne dont nous avons parlé ne représente en aucune façon le mouvement externe. Mais il n’en est plus de même quand les sensations se réitèrent et se multiplient, et cela pour trois causes :

1° Les différentes sensations présentent entre elles d’innombrables variétés de nuances (c’est ce que M. Horwicz appelle du nom de spécialisation).

2° Nous ne percevons que les sensations correspondant à certains

  1. On peut lire (p. 95) un ingénieux parallèle entre le développement de la pensée et celui de l’organisme régis l’un et l’autre par les principes d’unité et de constance dans le changement.