Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/445

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
435
correspondance

toute certitude, cherche à montrer dans l’histoire la succession de ces trois moments.

La Revue américaine contient en outre diverses traductions. Hegel : Sur l’art symbolique. — La, Science de l’éducation, paraphrase du Système de pédagogie de Rosenkranz. — Hartmann. Erreurs et Vérités dans le Darwinisme. — Fichte. Critique de Schelling. — Schelling. Construction historique du christianisme.


CORRESPONDANCE


Les lapsus de la vision.


Monsieur le Directeur,

Dans la Revue philosophique du 1er septembre 1878, M. V. Egger appelle l’attention des psychologues sur un phénomène qui n’a pas encore été suffisamment étudié et qu’il nomme ingénieusement lapsus oculorum. Mais l’explication qu’il en apporte est loin de me paraître complète.

Tout d’abord, M. Egger semble attacher beaucoup trop d’importance à ce fait que l’inscription réelle VILLE DE PAU est notablement plus longue que le nom de l’illustre chirurgien VELPEAU, qu’il avait lu primitivement. La connaissance que nous avons de la grandeur des objets d’après les données de la vue n’est pas immédiate, mais dérivée et intimement liée au jugement que nous portons sur la situation des objets perçus : une même impression peut être produite sur l’œil par des objets très-inégaux lorsqu’ils sont inégalement distants ; de même nous pouvons porter des jugements très-divers sur la grandeur d’un objet perçu, selon que nous le jugeons plus ou moins éloigné, et d’ordinaire nous ne nous rendons pas compte à première vue de la distance exacte qui nous sépare de l’objet.

Mais revenons à la transformation même des mots. La rapidité de notre pensée est telle qu’elle va plus vite que nos yeux mêmes. Il en résulte que la plupart du temps, quand nous lisons, nous ne parcourons pas du regard toutes les lettres tracées devant nous : nous en percevons quelques-unes, plus ou moins éloignées, et notre imagination comble les intervalles. Voilà pourquoi nous pouvons souvent lire avec beaucoup de facilité et de vitesse ce qui est écrit en abrégé ou en lettres fort mal tracées. Dans la plupart des systèmes de sténographie un même signe est employé pour les syllabes par, per, por, pur, — dar, der, dor, dur, etc. De même, sans avoir recours à la sténographie, beaucoup de personnes, obligées de recueillir rapidement un discours, une leçon, se bornent à écrire les consonnes, c’est-à-dire à reproduire le squelette des mots ; puis elles relèvent leurs notes avec autant d’ai-