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NOTES & DOCUMENTS


L’INTELLIGENCE ANIMALE


Un physiologiste anglais dont nous avons déjà mentionné quelques travaux, M. Romanes[1], a lu à l’Association britannique (session de Dublin, août 1878) un travail sur l’intelligence animale, reproduit dans The Nineteenth Century (numéro du 1eroctobre 1878). Nous en donnons ci-après une brève analyse.

L’auteur commence par quelques principes très-généraux de psychologie qui lui sont nécessaires pour l’exposition de son sujet. Il distingue dans les processus de l’esprit trois stades : 1° perception immédiate ; 2° représentation idéale des objets particuliers (images) ; 3° conceptions générales ou idées abstraites. Dans cette troisième classe, il y a une distinction importante à faire pour la psychologie animale ; il faut distinguer deux classes d’idées abstraites : celles qui sont assez simples pour se former sans l’aide du langage et résultent des simples sensations (par exemple l’idée de nourriture) ; celles qui sont trop complexes pour se développer sans l’aide du langage et qui forment chez l’homme un système d’abstractions toujours croissantes. — Ces éléments sont d’ailleurs soumis au principe le plus important de la psychologie : la loi d’association.

D’un autre côté, nous devons considérer le système nerveux comme la base physique de l’esprit, et l’action nerveuse peut être ramenée à l’acte réflexe qui en est le type. Mais toute action réflexe n’est pas accompagnée d’idéation, d’état de conscience. Nos actes d’habitude sont automatiques ; au contraire, « la conscience se produit quand les réflexes cérébraux suivent une voie comparativement inaccoutumée, et elle disparaît quand les décharges cérébrales ont été fréquemment répétées. » Cette observation est très-importante : elle explique l’origine d’un certain nombre d’instincts animaux. Ces instincts ont dû

  1. Revue philosophique, t. V, p. 444, De l’évolution des nerfs et du système nerveux ; tome VI, p. 431, De la conscience du temps.