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analyses. — zœllner. Mémoires scientifiques.

milieu (l’éther) qui transmet la lumière, et la cause des actions électriques ou magnétiques : on attribue en effet la propagation de la lumière à un effet d’élasticité de l’éther, tandis qu’on fait dépendre les phénomènes électriques d’actions exercées à distance. Il n’y a que deux manières d’écarter la difficulté ; ramener les forces électriques à des effets de milieu, ou expliquer les réactions élastiques des milieux par les lois de l’action à grande distance : M. Maxwell a suivi la première voie ; M. Zöllner indique comment on pourrait tenter la seconde. Nous exposerons d’abord sommairement les résultats obtenus par M. Maxwell.

On a vu ailleurs[1] comment M. Maxwell, par une transformation analytique des formules, est parvenu à transporter fictivement en tous les points de l’espace l’action exercée par un centre de force unique. D’après lui, toute action électrique correspond à une manière d’être spéciale d’un milieu électrique absolument continu, répandu dans l’espace indéfini et dont les propriétés sont modifiées par la présence de la matière pondérable. Ce milieu est à l’état naturel, quand il n’y a, en aucun point, d’électricité libre ; mais dès que l’électricité apparaît, même en un seul point, la perturbation produite se transmet de proche en proche dans toute la masse avec une vitesse, que M. Maxwell a pu calculer à priori, en se fondant uniquement sur des mesures électriques ou magnétiques, et indépendamment de toute expérience d’optique. Il a obtenu un nombre qui se confond sensiblement avec la vitesse de la lumière déterminée expérimentalement, soit environ 300 000 kilomètres par seconde. M. Maxwell a pu tirer de calculs analogues la valeur numérique de l’indice de réfraction des corps mauvais conducteurs de l’électricité, en accord avec les résultats des mesures directes.

Voilà des faits positifs et une méthode d’investigation fructueuse ; on peut donc attribuer un certain degré de probabilité aux inductions auxquelles l’auteur arrive par les mêmes moyens, mais dont les résultats n’ont pas encore été consacrés par l’expérience. Ainsi M. Maxwell trouve que le milieu éthéré est comprimé dans le sens de la propagation des ondes, qu’il doit exercer une pression normale sur les corps éclairés, lesquels seront repoussés par la lumière ; enfin que la pression exercée sur une surface de 1 mètre carré, exposée en plein soleil, aurait pour valeur gr. 000 43 665.

L’existence de la répulsion lumineuse a été admise par beaucoup de savants, et quand, postérieurement à la publication des calculs de M. Maxwell, M. Crookes eût imaginé son ingénieux radiomètre, beaucoup d’entre eux n’hésitèrent pas à attribuer à une cause de cette espèce les propriétés curieuses de cet appareil. Toutefois il ne semble pas que la répulsion lumineuse, si elle existe, suffise à expliquer le mouvement rapide des palettes du radioniste soumises à l’insolation directe. On incline plutôt à rattacher ce phénomène aux lois mécaniques de l’équilibre des gaz très-raréfiés conformément aux lois de la chaleur.

  1. Revue philosophique, 2e  année, tome IV, p. 200.