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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/540

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primer soit sur l’action à distance, soit sur l’espace ou la matière. Il insistait particulièrement sur la nécessité qui s’imposerait de considérer les atomes comme les centres de force, dont chacun remplit à lui seul les trois dimensions sensibles de l’espace et ne se distingue d’un autre atome de même espèce que grâce à une quatrième dimension que nos sens ne nous révèlent pas.

Le volume que M. Zöllner publie aujourd’hui comprend treize mémoires d’étendue et d’importance très-inégales. Ainsi les deux premiers[1], qui forment les deux tiers de l’ouvrage, sont complètement absorbés par une controverse des plus vives, avec les partisans d’un milieu continu (particulièrement MM. Helmhollz et du Bois-Reymond) et ne nous apprennent rien qui ne fût implicitement contenu dans la préface du volume précédent. Quant au dernier des treize mémoires[2], malgré son titre, il ne s’adresse guère qu’aux spirites, et j’ignore quel effet en attend l’auteur auprès des philosophes et des physiciens de profession. D’après M. Zöllner, l’espace à quatre dimensions est désormais sorti du domaine de la spéculation pour passer au rang des vérités expérimentalement démontrées, et cela grâce à M. Slade, médium américain. Celui-ci, avec le concours des esprits, et par la simple imposition des mains, a pu réaliser quatre nœuds simples sur l’un des brins d’un fil dont les deux extrémités étaient scellées ensemble. Cette opération est aussi impossible dans l’espace à trois dimensions que la réalisation d’un nœud, sur un fil libre aux deux bouts, dans l’espace à deux dimensions. Il résulte de là que les esprits ont l’usage d’une quatrième dimension de l’espace, que dans notre état actuel nous ne pouvons même imaginer, etc.

Mais j’ai hâte d’arriver aux mémoires intelligibles aux simples physiciens : ils sont encore au nombre de dix[3], et présentent plus d’intérêt que ne le ferait supposer la lecture des trois autres. Nous reprochions à Weber de ne s’être point préoccupé de rattacher à sa théorie les phénomènes de l’électricité, de la lumière et de la chaleur rayonnante. M. Zöllner cherche à combler cette lacune, et c’est surtout à ce point de vue que ses nouveaux mémoires méritent d’être étudiés.

En 1845 Faraday découvrit que le magnétisme exerce une action spéciale sur la lumière polarisée, et, dès ce moment, les physiciens ont admis une relation intime, quoique absolument inconnue, entre le

  1. Sur les actions à distance ; Sur les limites de la connaissance de la nature, d’après E. du Bois Reymond.
  2. Les démons de Thomson et les ombres de Platon.
  3. Déduction de la loi de la gravitation newtonienne des actions statiques de l’électricité. — Déduction des lois du frottement des actions dynamiques de l’électricité. — Existence.de particules électriques en mouvement dans tous les corps. — Déduction des lois de l’adhésion et de la cohésion des forces électriques dynamiques. — Actions mécaniques de la lumière et de la chaleur rayonnante. — Actions magnétiques de la lumière et de la chaleur rayonnante. — Actions électriques de la lumière et de la chaleur rayonnante. — Recherches radiométriques. — Hypothèse de l’émission électrique. — Applications cosmiques de l’hypothèse de l’émission électrique.