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Dr E. Reich. Beitræge zur anthropologie und psychologie mit anwendungen auf das Leben der Gesellschaft. Braunschweig, Vieweg und Sohn, 1877. (Mémoires d’anthropologie et de psychologie avec applications à la vie de la société.)

L’auteur du présent ouvrage a, dans l’espace de vingt ans, consacré à la chimie médicale, à l’hygiène, à l’anthropologie, à l’économie politique et sociale, vingt-deux volumes in-8o, représentant un ensemble de dix mille pages ; il a donc conquis depuis longtemps le diplôme d’écrivain laborieux. A-t-il obtenu la réputation de philosophe original ? Qu’elle existe ou non, cette réputation ne trouverait pas dans les Beiträge la justification qui lui manquerait.

Ce nouveau livre est divisé en deux parties : la première, intitulée les Éléments de la vie de l’âme, est un manuel de psychologie physiologique, précédé, composé et suivi de généralités ; la seconde, surtout sociologique, est une application des résultats de la première à la morale, à la politique, aux questions de représentation, d’instruction, de conscription et d’enrôlement, aux rêves de démocratie sociale et d’Église future.

M. Reich est un de ces néo-positivistes qui cherchent à concilier avec les sentiments religieux de l’humanité les résultats de la science ou plutôt de la vulgarisation contemporaine.

Il a trouvé au fond des ressemblances les plus frappantes que les individus sont toujours différents et que ces différences ne consistent pas dans des rapports grossiers, mais qu’elles reposent sur la chimie la plus délicate. De ces assertions, il conclut d’abord que l’homme a des qualités qui peuvent se fortifier et des défauts qui peuvent s’évanouir, ensuite que l’établissement d’un pouvoir régulateur des différentes activités est indispensable.

Mais ce pouvoir a lui-même besoin d’un idéal. « Le peuple a besoin d’un être suprême, d’une divinité en présence de laquelle il se sente petit et faible, d’une divinité dans laquelle le bien trouve écho et le mal aversion, d’une divinité qui soit partout et oublie la faute devant le repentir. Le peuple a besoin de la croyance dans l’âme, de la foi dans sa durée après la mort, de la foi dans son épuration, dans sa purification. » Comment atteindre à cet idéal par les sciences naturelles ?

« L’éther, sur lequel repose le monde visible et invisible, duquel dérivent toutes les formes et dans lequel toutes les formes se dissipent, a tous les attributs de la divinité. L’éther sera dans l’éternité la lumière du sage, le dieu des gens instruits, le père céleste pour le peuple… La perfection possible de l’éther après la désunion de ses éléments formels, après la mort, sera la persistance de l’âme, qui, à la fin de ses transformations purificatrices, voit face à face l’éternelle lumière. La volonté relativement libre du sage discernera le bien du mal… le bien qui est le produit de la santé, le mal qui est le produit de la langueur. »

Nous n’insisterons pas sur ces divagations, dépourvues à la fois de solidité et de beauté : nous sommes convaincus que la platitude commune