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quelques points de celles qui sont généralement adoptées. Il les répartit d’abord en deux grandes divisions :

1° Les sentiments (M. Lazarus dit « intérêts » ) physiologiques ;

2° Les sentiments ou intérêts psychologiques proprement dits.

La première division comprend :

a. L’intérêt de la préservation du corps ;

b. Celui du bien-être de l’organisme.

À ces deux inclinations se rattachent : 1° les sensations de plaisir ou de peine relatives à l’état général de l’organisme (faim, soif, etc.) ou chaque sens en particulier ; 2° l’amour sensuel.

La seconde classe se subdivise à son tour en trois familles de sentiments suivant qu’ils ont pour objet :

1° L’activité ;

2° Le moi ;

3° Les choses et les idées.

Dans la première catégorie, l’auteur range :

a. L’amour de l’activité en et pour elle-même ;

b. Les divers sentiments qui se rapportent aux formes variées de l’activité : énergie de l’activité, facilité de son déploiement, triomphe des difficultés ;

c. L’inclination au repos, qui n’est autre chose que l’intérêt instinctif de la conservation de nos forces vives.

Dans la deuxième catégorie, on trouve :

a. L’amour du moi proprement dit, qui vient renforcer et centraliser toutes les autres inclinations ;

b. Les formes élevées de l’amour-propre, comme l’amour de l’indépendance et de l’autonomie du moi, celui du développement et du perfectionnement de la personnalité, la passion de l’estime, de la gloire ;

c. Le moi s’élève et s’épure en se répandant, en s’unissant avec d’autres êtres : de là les affections sociales, l’amour, l’amitié, le respect, la sympathie, le dévouement, le sentiment religieux qui n’est que l’union avec l’infini.

La troisième catégorie embrasse :

a. L’amour du vrai, du beau, du bien, qui constituent l’intérêt de l’idéal ;

b. L’intérêt du réel (amour de la propriété, de l’argent, etc.) ;

c. De la combinaison de ces deux intérêts naît le plus noble instinct de l’homme, le couronnement de son activité sensible, à savoir l’inclination à la réalisation des idées.

La dissertation se termine par quelques considérations sur la nature et l’éducation des sentiments, sur les dispositions qui résultent