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de l’immanent ; du monisme et du dualisme ; de la loi de l’évolution ; des diverses formes de causalité ; du mécanicisme et de l’organisme ; de la téléologie ; de la culture ; de l’individualité ; de l’humanité ; du réalisme et de l’idéalisme ; de l’optimisme et du pessimisme. Eucken démontre ingénieusement que la philosophie actuelle n’est guère moins redevable à la scolastique qu’à l’antiquité, dans la formation de la plupart de ses concepts philosophiques.

Le point de vue auquel il se place pour juger les doctrines est celui d’un idéalisme leibnizien, corrigé sans doute et tempéré par la critique.

Böhm : Les phénomènes du sommeil et du rêve dans l’âme humaine (Die Schlaf-und Traumzustände der menschlichen Seele), par Heinrich Spitta. Tübingen 1878.

Sur le rêve (Ueber den Traum), opuscule par C. Binz. Bonn, 1878.

Le savant psychologue, dont ros lecteurs connaissent les intéressantes monographies sur la conscience et la mémoire, juge sévèrement la première de ces études. Il y relève de graves erreurs et n’y trouve aucune information originale.

Il loue, au contraire, sa courte, mais substantielle notice de Binz. Le professeur de Bonn considère le rêve comme « un phénomène physique et pathologique ». Ce qui justifie son opinion, c’est que l’opium, le hachish, l’éther, le chloroforme produisent des rêves ou des états analogues au rêve. Les pouvoirs intellectuels doivent être regardés comme localisés dans des parties distinctes du cerveau. Le fonctionnement des uns peut persister malgré l’arrêt des autres : cette réduction et ce trouble de l’activité psychique constituent pour la conscience l’état du rêve. Böhm adopte les vues de l’auteur et se rallie complètement à sa méthode. C’est à l’examen scrupuleux des faits, conclut-il, et non à des considérations métaphysiques, qu’il faut demander l’explication du rêve comme des autres phénomènes psychologiques.

VIIe livraison


Schaarschmidt : Zur Widerlegung des subjectiven Idealismus. (Pour la réfutation de l’idéalisme subjectif).

Le sophiste Gorgias disait : « Rien n’existe ; ou, si quelque chose existe, l’homme n’en peut rien savoir. » Sous une autre forme, Schopenhauer exprime une pensée semblable, en faisant du monde une pure représentation du sujet ; et sa doctrine est regardée par bien des esprits comme le dernier mot de la philosophie kantienne. Ce n’est pas qu’il ait manqué de réfutations de l’idéalisme : mais leur insuccès a conduit beaucoup de philosophes à regarder l’idéalisme subjectif comme irréfutable, et à n’appuyer que sur l’instinct la croyance à la réalité extérieure. Mais rien n’est moins philosophique que cette solution. C’est continuer, comme dit Kant, « au grand scandale de la philosophie et du sens commun, à faire dériver d’une pure croyance l’existence hors de nous des choses qui fournissent pourtant tous les matériaux de la