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solution d’argent donne un précipité blanc. Voilà la majeure. On essayera la réaction sur la liqueur d’échantillon.

Supposons qu’il n’y ait pas de précipité ; on conclut immédiatement en camestres dans la seconde figure :

CA. Toute solution d’argent donne un précipité blanc avec le sel marin.
MES. La liqueur d’échantillon ne donne pas de précipité blanc avec le sel marin.
TRES. Donc la liqueur d’échantillon n’est pas une solution d’argent.

Supposons maintenant qu’il y ait un précipité blanc, mais que l’on constate que la liqueur d’échantillon n’est pas tout entière précipitée ; on tirera légitimement une conclusion particulière négative, toujours dans la seconde figure, en baroco.

Les deux autres modes de la seconde figure, cesare et festino, sont appliqués de même à ce degré des recherches, si, par exemple, la liqueur d’échantillon donne une réaction que ne donne pas la solution du métal cherché. Ainsi, si l’on veut :

FES. Le fer dissous ne donne pas de précipité avec le sel marin.
TI. Partie du métal dissous dans la liqueur d’échantillon donne un précipité avec le sel marin.
NO. Donc partie du métal dissous dans la liqueur d’échantillon n’est pas du fer.

Mais ce ne sont là que des conclusions négatives ; le précipité blanc supposé obtenu, ne puis-je affirmer la présence de l’argent dans la liqueur ? C’est en somme mon but, et je suis naturellement porté à le supposer atteint. Mais une telle conclusion n’a rien de légitime, et je suis exposé à prendre ainsi du plomb pour de l’argent.

Des erreurs de ce genre ont longtemps entravé les progrès de la science ; on en retrouverait, par exemple, d’analogues au fond de la plupart des histoires de projection des alchimistes.

Mais élevons-nous à un degré supérieur ; une série de recherches comparatives, sur les réactions que présentent les métaux connus en dissolution, a appris que telle réaction appartient exclusivement à tel de ces métaux ; d’autre part, une longue suite d’expériences, portant sur divers minerais, n’a jamais montré que cette réaction pouvait avoir lieu sans la présence réelle du métal en question. On a donc induit qu’elle était caractéristique de ce métal.

Dès lors, le grand terme est devenu attribut dans la majeure, et l’on a conclu affirmativement dans la première figure. Exemple :

BAR. Tout métal précipitant en bleu par le prussiate jaune de potasse est du fer.
BA. Tout le métal dissous dans la liqueur d’échantillon précipite en bleu par le prussiate jaune de potasse.
RA Donc tout le métal dissous dans la liqueur d’échantillon est du fer.

Ou particulièrement :

DA. Tout métal précipitant en bleu par le prussiate jaune de potasse est du fer.