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rapport, notre syllogisme ci-dessus en barbara est défectueux ; il eût fallu, sur l’expérience faite, arriver à la conclusion que tout le métal dissous dans la liqueur d’échantillon était du fer à l’état de peroxyde.

Mais jamais la science n’atteint l’idéal poursuivi, la constitution de méthodes parfaites et définitives ; ces majeures affirmatives qui forment l’élément essentiel dans ces méthodes n’ont été posées que par une induction suffisamment probable, il est vrai, mais dont telle ou telle sera demain contredite par une expérience nouvelle. Un métal jusqu’alors inconnu sera découvert ; il présente les réactions regardées comme appartenant exclusivement à tel autre ; il était confondu avec lui ; désormais il faut le distinguer, introduire dans la méthode un nouvel élément de division, modifier les majeures reconnues inexactes.

C’est ici qu’intervient la troisième figure du syllogisme ; son rôle, comme nous allons le voir, est la réfutation des majeures hypothétiques et provisoires de la première figure. Aussi ces majeures étant universelles, les conclusions de cette troisième figure seront toujours particulières.

Mais, pour bien comprendre le caractère logique de cette réfutation, quelques remarques préliminaires sont indispensables.

Les termes dans les propositions relatives à l’analyse et à la classification sont de deux sortes : les unes expriment des noms, soit d’individus, soit d’espèces ; les autres se rapportent à des caractères appartenant ou n’appartenant pas à ces individus ou à ces espèces.

La forme sous laquelle le terme est exprimé peut certainement faire hésiter, à première vue, pour savoir dans laquelle de ces deux classes il doit être rangé ; mais il ne peut évidemment y en avoir une troisième.

Les deux termes d’une proposition ne peuvent d’ailleurs se rapporter simultanément à des caractères ; car la science n’étudie pas là des êtres fictifs, qui ne seraient définis que par des caractères isolés ; elle s’occupe de classer des êtres réels dont le nombre des caractères est indéfini en fait.

Il n’y a donc que trois cas possibles :

1° Les deux termes sont des noms ; la proposition énonce la relation logique entre individus, espèces ou genres ; elle est classificative. Telles sont toutes les conclusions des syllogismes cités plus haut.

2° Le prédicat est un nom ; le sujet se rapporte à un caractère. On affirme ou l’on nie tel nom des objets présentant tel caractère ; la proposition est essentiellement inductive, et c’est précisément le cas des majeures de la première figure.

3° Le sujet est un nom ; le prédicat se rapporte à un caractère. Dans ce cas, il faut distinguer.

Ou bien le caractère est constaté par l’expérience comme appartenant ou n’appartenant pas aux individus désignés sous le nom sujet ; la proportion est expérimentale et ne peut être établie ou combattue que par l’expérience. Telles sont toutes les mineures des syllogismes ci-dessus et aussi les majeures de la seconde figure.