UNE THÉORIE
CONNAISSANCE MATHÉMATIQUE
Plus d’un penseur a déjà été hanté de ce double rêve : asseoir la théorie de la connaissance sur des bases définitives, élever sur cette assise une philosophie des mathématiques. Rêve, disons-nous ; mais pourquoi ? Le terrain fouillé par Kant paraît vraiment si solide ! les problèmes y semblent si légitimement posés ! n’y a-t-il pas là réellement une science faite… ou à faire ? et, une fois la théorie de la connaissance constituée, comment ne pas l’appliquer aux sciences exactes ? n’est-ce pas là le criterium indiqué, l’essai qu’il faut tenter avant tout, pour justifier, par la valeur des résultats obtenus, celle des principes que l’on adopte ?
Plus d’un penseur, depuis Kant, a marché dans cette voie ; jusqu’à présent, la plupart se sont arrêtés à mi-chemin. Avant l’auteur à l’œuvre duquel[1] nous consacrons cet article, il n’en est guère d’autre que Wronski qui ait parcouru le cercle entier. Et certes l’exemple n’était pas encourageant. Génie puissant, habile analyste l’auteur du Messianisme n’a pu cependant ni attirer l’attention des philosophes, ni imposer ses idées aux mathématiciens. Il est mort traité de fou, ce qu’il méritait de reste, et abandonné de ses rares disciples. De son œuvre immense, mais bâtie sur un fondement insuffisant, rien ne demeure aujourd’hui qu’une ou deux formules commodes, auxquelles son nom ne reste pas même attaché.
- ↑ Die mathematischen Elemente der Erkenntnisstheorie. Grundriss einer Philosophie der mathematischen Wissenschaften, von O. Schmitz-Dumont. Berlin, 1878, in-8, xv-452 p.