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tannery. — la théorie de la connaissance

lier correspond aux trois branches principales des mathématiques.

Les concepts de la sensation se distinguent tout d’abord en concepts des sens (Sinnesbegriffe), — désignation pour les réactions spécifiques des cinq sens ; — et concepts du sentiment (Gefuehlsbegriffe), — relatifs au plaisir, à la peine et au sentiment de la volonté. Il faut remarquer d’autre part les concepts combinés, formés par ceux de la seconde classe, — comme vrai, bon, beau, comique, utile, — ou par ceux des deux classes, — comme par exemple, éblouissant, etc.

La combinaison des concepts de relation et de ceux des sens donne :

a. Les concepts des choses ;

b. Ceux des phénomènes de la nature ;

c. Par combinaison des actes de la pensée et de ceux des sens, les concepts de temps, d’espace, de masse, de mouvement (ici au sens ordinaire du mot), de force, etc. ;

d. Par application du concept de fonction à ceux des trois classes précédentes, ceux de cause et d’effet, etc.

La combinaison des concepts de l’intuition et de ceux du sentiment donne de même :

a′. Les concepts des idées (le beau, la vertu, le vice, l’âme, etc.) ;

b′. Les concepts des événements qui appartiennent au domaine de l’intellect ;

c′. Par combinaison des actes de la pensée et de ceux du sentiment, les concepts de durée, d’extension, de matière ;

d′. Par application du concept de fonction à ceux des diverses classes qui précèdent, les concepts de motif, but, moyen, etc.

Nous aurons bientôt à revenir sur divers détails de ce système de classification ; il est d’ailleurs inutile d’en faire ressortir tous les points, faciles à apercevoir, où se montre un caractère artificiel.

Ce qui en constitue l’originalité et la valeur propre nous paraît surtout résider dans l’opposition entre les concepts des sens et ceux du sentiment ; en fait, la distinction est de l’ordre logique, puisque la sensation nous présente dans un seul et même ensemble le caractère qui ne nous intéresse que pour la détermination objective et celui qui nous atteint plus profondément, qui met en jeu notre sensibilité et notre volonté. À cette distinction logique correspond l’opposition des sciences physiques, dont le but est de préciser les concepts des sens et finalement de les résoudre en concepts intuitifs, — ainsi le concept d’un vert particulier sera ramené à celui d’un nombre donné de vibrations, — et des sciences morales et esthétiques, dont les problèmes sont tout autres. L’explication mécanique de la nature, fût-