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elle achevée, ne sera donc qu’une partie de la connaissance, et après tout la moins importante. Derrière les apparentes négations que nous avons rencontrées plus haut, se rouvre ainsi un large chemin pour l’idéalisme, et, entre les abstraites déductions qui précèdent ou qui vont suivre, elles ne sont ni sans éloquence, ni sans émotion, les quelques pages que M. Schmitz-Dumont consacre à l’éternelle revendication du droit et de l’art contre l’aveugle nécessité, qui, aux yeux du matérialiste, semble l’unique maîtresse du monde. Au-dessous de la tête du géomètre bat un cœur de poète, et un homme se montre à travers l’enveloppe du logicien.

III

Les concepts classés, il y a lieu de définir les règles de leur critique. Notre auteur considère en effet qu’avant de les introduire dans les sciences il est indispensable de soumettre à un examen la légitimité de leur formation pour rejeter comme inadmissibles tous ceux qui ne satisferaient pas aux conditions de cet examen. Ces conditions se réduisent au reste à une seule, l’observation du principe d’identité, c’est-à-dire qu’il est nécessaire que, dans la combinaison des concepts élémentaires, ceux-ci gardent toujours une seule et même signification précise.

Il ne faut d’ailleurs regarder le principe d’identité que comme une expression particulière du principe posé, au début du livre, pour affirmer l’existence en général des sensations et des pensées.

« Si nous avons une sensation d’un rouge déterminé, pour pouvoir la nommer comme telle, il faut que nous puissions : la distinguer de toute autre sensation différente ; la reconnaître, en cas de répétition, comme identique avec celle déjà perçue. Lorsque maintenant la pensée emploie comme symbole de la représentation de cette sensation un concept élémentaire, il faut bien que ce symbole soit toujours employé avec la même signification, que ce concept soit toujours identique à lui-même et différent de tout autre ; sans quoi, il ne correspondrait pas au contenu de la sensation. C’est là ce qu’on exprime quand on affirme : , et qu’on nie : . »

Le principe d’identité est la seule loi de la pensée ; il faut y ramener le principe de causalité et celui de la raison suffisante. Le concept de la causalité, sous sa forme la plus générale, a été, comme on l’a vu, identifié avec celui de la fonction . Si nous comparons maintenant un tel concept composé avec un autre, par exemple , il est clair, d’après le principe d’identité,