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LA PHILOSOPHIE EXPÉRIMENTALE EN ITALIE



SICILIANI — LOMBROSO — DE DOMINICIS
E. FERRI.
(DERNIER ARTICLE)[1])


I


C’est encore R. Ardigò qui a l’un des premiers en Italie cherché à déterminer les conditions sous lesquelles la psychologie peut être comptée au nombre des sciences positives. Mais il réclame pour elle une existence distincte. Ainsi fait M. Vignoli. D’autres penseurs qui forment en Italie un groupe actif et entreprenant, physiologistes pour la plupart, ne veulent voir dans la science de l’esprit qu’un chapitre de leur science de prédilection et la réduisent à une physiologie cérébrale. Telle est la doctrine de MM. Herzen, Mantegazza et Riccardi. L’auteur de la Physiologie de la volonté ne voit dans les caractères prêtés à la pensée par les spiritualistes qu’un trait de ressemblance de plus entre cette force et les autres forces physiques. Toutes, dit-il, sont inétendues et inaccessibles aux sens ; toutes se font connaître à nous par leurs effets seuls. L’électricité est invisible dans la pile ; elle n’est pas moins une simple fonction de cet appareil ; il en est de même du pouvoir qu’ont les glandes de sécréter tel ou tel liquide : on saisit le produit de la sécrétion, comme on reconnaît dans le sang veineux qui vient du cerveau les résidus de l’activité des cellules cérébrales ; les activités en elles-mêmes échappent à nos instruments, parce que les mouvements moléculaires qui les constituent, comme ceux du reste qui constituent la chaleur et la lumière, sont trop ténus pour tomber sous nos sens, même aidés d’instruments. Le fait que la pensée nous est présente en tant que phénomène de conscience ne change rien à sa nature, car toutes nos sensations sont subjectives en même temps qu’objectives ; il n’en est point qui n’ait pour ainsi dire une face interne et n’entre par là dans la sphère de la pensée. Le monde extérieur, avec les forces dont nous le peuplons,

  1. Voir le numéro précédent de la Revue philosophique.