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n’est qu’un ensemble de sensations objectivées. L’activité cérébrale est donc encore de ce point de vue semblable à toutes les autres. « Vous voulez, dit M. Herzen, que je vous montre de la pensée sur l’objectif d’un microscope ; montrez-moi donc à votre tour de la chaleur et de l’électricité. Donnez-moi un morceau de chaleur et d’électricité, et je vous donnerai un litre de pensée. » — C’est la thèse de Maudsley dans sa Physiology of Mind, avec d’ingénieuses variantes.

Si Florence a MM. Mantegazza et Herzen, avec une revue positive (Archivio per l’Antropologia et la Etnologia), Bologne, où jadis naquit et mourut la revue positive de M. Angiulli, a M. de Meis, qui enseigne à l’École de médecine, auteur d’un ouvrage fort estimé (I tipi animali), où il cherche à combler une lacune du darwinisme en se demandant comment les variations premières ont pu se produire dans les individus destinés à diverger ; M. Siciliani, qui fait à l’Université un cours de sociologie très-applaudi, et M. de Dominicis, professeur au lycée. Nous aurons plus tard quelques mots à dire de ce dernier. Pour le moment, M. Siciliani réclame notre attention comme psychologue.

L’idée favorite de celui-ci est de trouver une voie intermédiaire entre la métaphysique idéaliste et le positivisme pur. Cette méthode de l’entre-deux, indirizzo medio, a été d’abord préconisée par lui sous les auspices de Vico et de Leibniz dans un livre assez étrange : la Restauration (Rinnovamento) de la philosophie positive en Italie (1871). C’est un mélange de critique et de dogmatisme, d’analyses historiques minutieuses et d’assertions théoriques tranchantes, où l’on est surpris de voir successivement apparaître pour y être étudiés en grand détail les positivistes contemporains, puis Vico et ses critiques (c’est la meilleure partie de l’ouvrage), puis Platon, puis Aristote et quelques autres encore. Livre de jeunesse. sans doute. L’auteur est cependant déjà bien informé, il connaît les démêlés qu’ont entre elles les différentes écoles positivistes et les différentes écoles métaphysiques et se sert assez habilement de ces discordes intestines pour justifier sa position neutre entre les deux camps. Les intentions sont louables et répondent assez bien aux dispositions des esprits en Italie, qui sont hésitantes et flottent incertaines entre deux philosophies dont les conclusions extrêmes paraissent également excessives[1]. Mal-

  1. La lettre suivante, adressée par Ausonio Franchi à M. Siciliani, montre bien qu’il faut se garder d’exagérer l’influence du positivisme mécaniste en Italie et nous donne la note moyenne de l’opinion avancée dans ce pays. Votre Critique, dit-il, m’a plu, mais elle m’aurait plu davantage encore si elle avait été plus sévère pour les matérialistes, « que j’abhorre de toutes les forces de mon âme. » J’admire autant que qui que ce soit leurs découvertes dans le champ de l’expérience ; o mais je les déteste et je les abomine profondément, et j’ai