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penjon. — métaphysique phénoméniste en angleterre

rédintégrer de trois manières : d’abord nous pouvons rédintégrer tous les modes des qualités générales qui le constituent ; nous pouvons analyser l’objet en ses qualités. Ensuite, nous pouvons le rédintégrer avec les objets semblables. Troisièmement, nous pouvons le rédintégrer avec ses conditions ou ses conditionnés, c’est-à-dire ses coexistants, ses conséquents, ses antécédents. Développez ce troisième mode de raisonnement, et vous avez les diverses sciences physiques. »

Au lieu de considérer des sensations ou des objets, si nous considérions des changements de sensations ou des changements de choses, nous raisonnerions exactement de la même manière, dans la conscience primitive et dans la conscience directe.

Il importe de remarquer que les éléments de temps et d’espace reparaissent dans l’ordre des concepts, comme nous les avons trouvés dans celui des percepts, c’est-à-dire en tant qu’éléments de conscience, et il n’y a rien de plus vain ou de plus injustifiable que de parler de choses en dehors du temps et de l’espace. D’autre part, l’ordre des percepts n’est pas détruit quand il se transforme en celui des concepts ; il persiste, et c’est à lui qu’il faut revenir pour vérifier, en dernière analyse, nos conceptions. Observer, expérimenter, c’est vérifier par des présentations sensibles nos idées relatives à un objet physique, et, si l’objet est mental, nous arrivons au même résultat en répétant la rédintégration originale. Mais revenir ainsi de l’ordre des concepts à celui des percepts, ce n’est plus l’œuvre d’une rédintégration spontanée ; elle est maintenant volontaire, et elle a, sous cette forme nouvelle, deux subdivisions principales : ou bien c’est la mémoire, ou bien c’est l’imagination, volontaires l’une et l’autre et fort différentes par cela même de la mémoire et de l’imagination spontanées. La première consiste à rejeter, parmi les présentations d’une rédintégration spontanée, tout ce qui ne s’accorde pas avec ce que la volonté se propose. Nous avons un exemple de ce fait, quand nous faisons la chasse à une circonstance oubliée, un nom ou une image, et qui n’est ni ceci ni cela. La seconde se donne pour tâche de compléter un tableau qui ne nous a jamais été présenté actuellement, mais que nous aurions pu voir ou qui aurait dû s’offrir à un spectateur bien placé et doué de sens assez puissants, en un mot l’ordre réel des phénomènes. Tel est le rôle de l’imagination scientifique, dont la méthode est l’induction. L’imagination poétique diffère de celle-là par le but seulement qu’elle poursuit ; il est vrai qu’elle n’est pas astreinte, comme la première, à se représenter uniquement les faits comme ils doivent être actuellement ; elle peut concevoir tout ce qui est le plus propre à satisfaire le goût esthéti-