OÙ changent les éléments différents dont se composait la rédintégration spontanée ; il n’a pas de contenu en lui-même, mais il a, au gré de la volonté, un double caractère : il est affirmatif ou négatif. Affirmer ainsi ou nier, c’est juger ; c’est aussi raisonner, car il n’y a rien de plus dans un raisonnement quelconque.
À ces premiers jugements, appelés catégoriques, s’opposent les jugements hypothétiques. Dans ce second genre de jugements, une proposition prend la place du sujet et une autre celle de l’attribut. La copule est dans ce cas remplacée par cette formule : « Si, — alors, » « si tel sujet, — alors tel attribut. »
Mais les propositions catégoriques sont les plus importantes, et c’est à elles que se ramènent en dernier ressort toutes les autres variétés. Le sujet d’une proposition catégorique affirmative est un percept qui se transforme en concept, par cela même que l’on en fait un sujet. C’est alors un percept qui attend la détermination que l’attribut lui donnera. Cet attribut lui-même est de deux sortes : ou bien il modifie simplement le sujet, ou bien il ne constitue qu’une simple addition. C’est le rapport des images dans la rédintégration spontanée qui décide de la nature de cet attribut. À moins de supposer en effet que la conscience apparaît dès l’origine tout armée d’une classification où viennent se ranger d’elles-mêmes les sensations, il faut bien admettre que le lien perçu par nous entre les phénomènes s’explique par le lien même des éléments différents et non séparés des rédintégrations spontanées. C’est une erreur de croire, comme on le fait généralement, que nous arrivons à affirmer tels ou tels attributs par suite de notre connaissance antérieure de certaines classifications, de telle sorte qu’affirmer un attribut d’un objet, ce serait ranger cet objet dans telle ou telle classe. Les classes sont au contraire formées par suite d’attributions. Cette erreur vient de ce que l’on s’arrête dans l’analyse réfléchie de la conscience et que l’on prend les « choses » de la conscience directe pour les dernières données de l’expérience.
De l’étude des jugements, M. Hodgson, passant à celle des raisonnements, fait voir que le procédé est le même dans les deux cas. De part et d’autre, l’esprit affirme également entre deux termes un accord ou un désaccord. « Le procédé syllogistique n’est pas identique ou avec la déduction ou avec l’induction ; il est commun à l’une et à l’autre de ces deux méthodes. C’est un procédé dont les principes sont contenus dans tout jugement et dans toute proposition ; aussi est-il inséparable de toutes les méthodes de raisonnement, quel que soit leur nom ou quelles que soient d’ailleurs leurs différences. Comme procédé, il est la continuation du procédé de