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et objectif. Concevoir, cependant, est raisonner ; il nous faut caractériser pour atteindre à la connaissance réelle ; nous partons alors de ce genre de percept qui est immédiatement perçu, des percepts tels que nous les avons dans les présentations. Nous généralisons des présentations. Toute vraie connaissance, toute existence doit être capable d’être l’objet d’une perception présentative à quelque conscience, ou à une autre. C’est la notion d’êtres réels ou (subjectivement) de percepts actuels. » Mais que dire du reste du temps, autre que celui de quelque présentation donnée ? Deux choses sont certaines : la première, que quelque portion particulière du temps, comme comparée aux percepts actuels, est incertaine ; la seconde est que, si quelque portion est réelle, elle devra, en apparaissant dans une conscience actuelle, avoir les mêmes traits que tous les percepts actuels, la durée étant une, quoi que puisse être le reste. La première considération nous permet de concevoir certaines choses comme existant d’une manière contingente, ou (subjectivement) des percepts possibles, et la seconde de concevoir des choses comme existant universellement, ou (subjectivement) des percepts nécessaires. Ce sont là, d’après M. Hodgson, les catégories modales, et nous pouvons, en tenant compte du double aspect des choses, les disposer en un tableau de la manière suivante :

aspect objectif. aspect subjectif
Actuel. Existant.
Possible. Contingent.
Nécessaire. Universel.

Mais cette liste n’est pas définitive, en ce sens qu’un concept n’est pas véritablement compris tant qu’on ne l’a pas opposé à son contraire. Il s’agit seulement ici de déterminer la nature de ces catégories modales. Ce sont les notions les plus hautes et les plus générales que nous puissions nous former de l’univers, et l’on en reconnaîtra toute l’importance si l’on se rappelle en quoi la conscience réfléchie se distingue de la conscience directe, la philosophie de la science. Ces catégories naissent de la réflexion, comme celles dont nous avons parlé plus haut, le genre, la différence et l’espèce, sont nées de la simple conception.

Pour se faire mieux comprendre, M. Hodgson, au prix d’une légère anticipation, donne deux exemples que nous allons reproduire. Le premier est relatif à la liberté. « La liberté, dit-il, est un phénomène qui appartient à la réflexion ; la perception d’être libre de choisir, ou de vouloir, commence seulement dans la perception de soi-même et avec elle. Elle est un cas de la notion générale de possibilité ; nous pouvons agir ou ne pas agir d’une certaine manière. Nous