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penjon. — métaphysique phénoméniste en angleterre

la perception et l’existence et a, comme centre ou comme point de départ, le principe de contradiction ; mais ce principe a deux aspects, celui de nécessité et celui de possibilité ; la logique dont nous parlons maintenant est fondée sur ce dernier aspect. Elle a trois catégories : celle de l’impossible, c’est-à-dire de tout ce qui implique contradiction et ne peut être construit, pour cette raison, par la pensée, celle du nécessaire et celle du possible. Il n’y a pas de différence entre ce qui est possible pour la pensée, logiquement, et ce qui est possible au point de vue de la seconde catégorie modale, puisque l’existence est présupposée par la logique de la possibilité comme par la logique positive. Mais la logique de la possibilité nous permet de distinguer plusieurs degrés de la contingence, suivant que nous aurons plus ou moins de raisons pour penser qu’une chose est possible : ces degrés sont marqués par les mots probable et improbable. C’est au calcul des probabilités à les apprécier.

La philosophie, d’après ce qui précède, peut être définie la science du possible, scientia possibilium, aussi bien que la science du nécessaire. Tout est soumis aux catégories modales : rien ne leur échappe ; mais la valeur même de ces catégories dépend de la valeur du principe de contradiction, et il nous restera à voir quelle est en effet la portée de ce principe. Remarquons seulement que nous avons dans les catégories modales la complète solution du grand problème philosophique : en quoi consiste le lien (nexus) des choses ? Ce n’est pas que ce lien, cette relation causale, vienne de ces catégories, mais elles nous montrent d’où il vient, en nous montrant comment se forme la notion de la nécessité. C’est le concept qui nous rend, modifiée par la conception et la réflexion, la continuité du temps. La simple conception brise la continuité des rédintégrations partielles de percepts et en classe les fragments, chacun continu en lui-même, bien que séparé (discrète) des autres. La réflexion rétablit l’ordre des percepts, enrichi par la connaissance des concepts, et cet ordre n’est plus partiel, mais il forme une chaîne unique de choses ou de faits, une image ou une suite d’images représentant le cours entier de l’univers connu. Car les présentations sont connues et caractérisées comme actuelles dans la conception réfléchie. Leur signification dans la perception est celle de percepts présentatifs, ou d’êtres. La seconde liste des catégories modales nous fait voir dans ces présentations actuelles des cas de la nécessité. Elles ne cessent pas d’être des percepts en passant dans la représentation. Le lien entre elles est le même depuis le commencement ; la conception n’ajoute pas un lien nouveau, bien qu’elle brise la série partielle des percepts et permette de lui substituer une série plus