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résume. On ne peut y parvenir que par l’analyse des éléments et la distinction des deux aspects inséparables, subjectif et objectif.

L’axiome, dont il s’agit de démontrer la valeur universelle et nécessaire a deux formes, l’une statique (la nature est uniforme), l’autre dynamique (le cours de la nature est uniforme). En démontrer la valeur sous cette dernière forme, c’est, à plus forte raison, la démontrer sous la première. De plus, cette formule est, dans le langage de Kant, un jugement synthétique a priori. Mais, d’après ce philosophe, elle n’aurait de valeur que pour les phénomènes, et la chose en soi resterait libre. Enfin, dans l’ordre scientifique, c’est une question de savoir si le temps et l’espace, considérés en eux-mêmes, par abstraction, sont au nombre des conditions d’existence. Il faut envisager les postulats de la logique ou l’axiome de l’uniformité à tous ces points de vue, de manière à savoir quelle en est la portée.

La preuve que ces postulats gouvernent toute existence est identique avec la preuve que la méthode métaphysique ou méthode de réflexion est nécessaire et souveraine. Toute conscience, nous l’avons déjà vu, est comprise dans la conscience réfléchie ; la notion « d’existence » est donnée par la réflexion seule, et cette réflexion est un procédé qui présuppose la conception, c’est-à-dire le continuel usage des postulats. Nous avons vu également qu’il n’y a pas de choses en soi, et que tout ce qu’on suppose leur appartenir rentre en réalité dans l’existence phénoménale, l’objet de la réflexion. « Le résultat de ce raisonnement est que, sans les postulats, l’existence serait un terme dépourvu de signification. Non-seulement il n’y a pas d’existence au delà de la portée des postulats, mais encore la portée des postulats contribue à déterminer la portée de l’existence, en contribuant à déterminer la signification du mot. »

S’ensuit-il que nous puissions prévoir ce qui doit arriver ou ce que nous aurons à percevoir ? En faisant cette question, nous considérons les choses ou la conscience comme ayant un cours, et il ne semble pas que nous ayons une raison pour dire que ce cours doive être uniforme. Les postulats de la logique ne seraient pas, dans ce cas-là, identiques avec l’axiome de l’uniformité. Mais la position que nous adoptons en regardant en avant dans l’avenir est une position que nous pouvons, il est vrai, mais que nous ne devons pas prendre. « Les postulats de la logique introduisent l’autre point de vue, le point de vue statique, duquel nous considérons transversalement, pour ainsi dire, le cours des événements et des percepts. C’est une position que nous devons adopter en raisonnant, puisque nous ne pouvons raisonner sans les postulats. Nous pouvons adopter l’autre ensuite et par surcroît, si cela nous plaît, mais nous ne le ferons pas