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penjon. — métaphysique phénoméniste en angleterre

ter l’écueil où ces deux écoles vont chacune se heurter ? La vérité n’est-elle pas qu’il faut se garder de séparer, comme elles le font l’une et l’autre, l’objet et le sujet, et reconnaître que nous commençons à la fois par des axiomes et par des hypothèses ?

« Les postulats de la logique, dit M. Hodgson, font, pris ensemble, un axiome, et n’en font qu’un ; un axiome dont tous les autres sont des cas, des cas de plus grande complexité au point de vue du contenu. Ils peuvent tous être appelés postulats aussi bien qu’axiomes, car, entre ces mots, quelle différence y a-t-il, s’il y en a une ? La voici. Une formule est appelée postulat par rapport à la volonté de celui qui raisonne, et axiome par rapport aux phénomènes sur lesquels porte le raisonnement. Le postulat et l’axiome sont les aspects opposés l’un de l’autre, non des aspects respectivement objectif et subjectif, mais des aspects tournés respectivement vers la volonté et vers les phénomènes qui sont l’objet de la volonté… » L’aspect phénoménal ou axiomatique des postulats logiques est l’axiome le plus général dans toute connaissance ; c’est celui qui affirme l’uniformité de la nature. Sans cette uniformité, il n’y aurait pas de postulats, et, si elle n’était pas universelle et sans exception, les postulats ne seraient pas universellement et nécessairement vrais. « En identifiant les postulats de la logique avec l’axiome de l’uniformité de la nature, je justifie l’assertion que nous commençons à connaître avec un axiome et une hypothèse. Car nous ne pouvons faire une seule hypothèse sans le secours des postulats de la logique, qui se ramènent maintenant à un axiome. Cela est clair, parce que toute hypothèse concrète enveloppe un jugement, et les postulats sont ainsi, antérieurement à la vérification expérimentale, la première hypothèse, bien qu’ils soient aussi des postulats, c’est-à-dire la seule hypothèse que nous puissions faire. Si donc nous admettons que le raisonnement dans la recherche de la connaissance commence par une hypothèse, nous voyons que, pour former cette hypothèse, les postulats sont nécessaires, et, si cela est vrai des postulats, il en est de même de l’axiome de l’uniformité de la nature. » Les deux écoles exclusives dont nous avons parlé ont donc tort l’une et l’autre. La première question que nous pouvons faire dans la recherche du vrai : Qu’est cela ? (What is that ?) est aussitôt suivie d’une hypothèse qui contient à la fois les postulats et l’axiome.

Mais ces postulats sont-ils universellement et nécessairement vrais ? Voilà le grand problème. Le sceptique ne le résout pas ; le savant se contente d’une vérité qui pourrait bien être comparable à la vérité du rêve, tant que le rêve dure. Il faut prouver philosophiquement la valeur universelle de ces postulats et de l’axiome qui les