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primitive, de percepts.qui sont, il est vrai, les données, qui fournissent le contenu de toute connaissance, mais qui ne deviennent une connaissance qu’en se soumettant aux postulats et à l’axiome.

Reste l’espace. Rien ne nous autorise à affirmer ou à nier que ce monde occupe l’espace. Il peut n’être pas ce que l’on appelle vulgairement un monde matériel, visible ou tangible pour un être quelconque. Dans cette hypothèse, le monde invisible deviendrait étendu, visible et tangible pendant une partie de son cours, et cette période serait la période d’existence de ce que nous appelons le monde visible. Dans l’hypothèse au contraire où le monde invisible pour nous serait visible pour d’autres êtres, l’imperfection seule de nos sens nous empêcherait de le voir. Mais, pour nous en tenir aux traits caractéristiques et nécessaires du monde réellement invisible pour nous, dont s’occupe la branche constructive de la philosophie, nous devons dire que c’est un monde éternel de sensations soumises à des lois uniformes.

Si nous remarquons en outre que la connaissance est en même temps une action et que c’est une loi de l’action d’aller toujours du pire au meilleur ou du meilleur au pire, nous résumerons ce qui précède en disant que les deux mondes, le visible et l’invisible, sont un seul et même univers, qu’ils présentent les mêmes lignes et ont des caractéristiques communes. L’un et l’autre, ils sont exclusivement composés de phénomènes, de phénomènes qui occupent le temps, mais non nécessairement l’espace. Nous pouvons connaître ces phénomènes à la fois comme soumis à une loi uniforme et capables de changement du meilleur au pire et du pire au meilleur, en d’autres termes, comme objets à la fois d’une connaissance spéculative et de la téléologie.

Quelles sont donc, maintenant, outre l’espace, les caractéristiques non nécessaires de ce monde invisible ? Il y a d’abord la personnalité. La personnalité en effet, si elle est impliquée dans toute existence et, comme telle, relève de la métaphysique, appartient à l’aspect subjectif de la conception de l’existence et non à l’aspect objectif, et, dès lors, ne se rencontre pas nécessairement dans le monde invisible, qui est une partie de cet aspect objectif. Cette personnalité est la nôtre, celle du sujet réfléchissant qui perçoit l’univers et y pense, et nous ne pouvons, sans des raisons spéciales, la transporter, comme les ontologistes tentent de le faire, à l’aspect objectif de la conception, l’attribuer ou au monde visible (proprement dit) ou au monde invisible. Mais la personnalité divine, si elle n’est pas une stricte nécessité de la pensée, n’en est pas moins l’objet d’un problème qui est du ressort de la philosophie construc-