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contre lequel on invoquait le témoignage de la conscience, et on ne mentionnait même pas la déduction des catégories, la théorie des formes de la pensée considérées comme les formes de l’expérience possible. Et, à la vérité, bien des expressions de la Critique semblaient autoriser cette interprétation idéaliste, qui n’en était pas moins pour Kant une lourde méprise. En même temps, les objections des amis prenaient une toute autre signification ; Hamann ne l’appelait-il pas le Hume prussien ? Il fallait répondre ; il fallait faire connaître le développement de la pensée critique, opposer fortement les conclusions de la déduction aux conséquences sceptiques de Hume, enfin repousser l’accusation d’idéalisme. Ainsi du projet primitif d’un résumé populaire sortaient les Prolégomènes à toute métaphysique future.

L’originalité de l’édition de M. Erdmann est précisément de distinguer la première rédaction qui est une œuvre d’exposition, des additions postérieures qui sont une œuvre de polémique. Dans l’introduction, M. Erdmann discute soigneusement les raisons intrinsèques et extrinsèques qui permettent de poursuivre cette distinction jusque dans le dernier détail ; et dans le texte des Prolégomènes il imprime les additions en petits caractères et les enferme entre crochets. Un court tableau résumera utilement pour le lecteur français, ce long travail d’exégèse historique[1].

Additions jjostérieures a la Critique de Gôttingue et en grande
partie inspirées par elle.


1° La dernière partie des Prolégomènes, depuis le § 57 (p. 156-207). C’est la réponse générale à la Critique.

2° La préface (p. 9-23), destinée à montrer dans la déduction des catégories l’âme du système.

3° Le § 3 (p. 31-33), sur la distinction fondamentale des jugements analytiques et des jugements synthétiques.

4° Les trois observations du § 13 (p. 58-70), relatives à l’accusation d’idéalisme.

5° Les §§ 28-31 (p. 94-101), et deux passages, l’un au § 4 (p. 35-36), l’autre au § 5 (p. 43-44), sur Hume et sur la comparaison de sa doctrine avec le criticisme.

6° Le § 39 (p. 113-119), répondant à une objection de Feder sur la table des catégories.

7° Deux notes (p. 131 et p. 133), à propos des objections faites à sa critique de la psychologie rationnelle.

8° Enfin deux passages (p. 39 et p. 41) sur la méthode des Prolégomènes.

Le résumé primitif, ainsi dégagé de tous ces développements ajoutés

  1. Pour les Prolégomènes, nous renvoyons toujours à la traduction française de M. Tissot.