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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VII.djvu/309

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dastre. — le problème physiologique de la vie

fructifier, prend cette substance dans sa racine, où elle s’est amassée par provision ; la canne à sucre, au moment de monter en graine, emprunte cette même substance aux épargnes qu’elle possède dans sa tige. Le saccharomyces cerevisiœ, la levûre de bière, agent de la fermentation alcoolique, trouve cette même substance dans les jus sucrés favorables à son développement.

De même, des substances grasses identiques, sous forme d’aliment ou de réserve, servent à la nutrition chez les animaux ou chez les végétaux, et cela est encore vrai des substances de la quatrième classe, substances albuminoïdes, identiques dans les deux règnes, aliments ou réserves dans l’un comme dans l’autre, également utilisables après digestion.

Le résultat des recherches de Cl. Bernard et des physiologistes contemporains a été d’établir que les modifications que ces aliments ou réserves éprouvent pour être utilisés, les agents qui réalisent ces transformations, les mécanismes même de l’action offrent une surprenante ressemblance, une véritable unité. Les choses se passent de la même manière dans les deux règnes. Comme il y a quatre espèces d’aliments, il y a aussi quatre espèces de digestions, quatre espèces d’agents fermentifères, identiques chez l’animal et la plante. L’identité des quatre ferments crée l’identité des quatre digestions. À descendre au fond des choses, la propriété digestive n’est rien autre que l’action du ferment. Le nœud de la question est là. Le point de départ est le même, la nécessité de la transformation la même, le résultat le même encore, et les mêmes encore les agents qui les exécutent. L’analogie fondamentale se poursuit donc jusque dans les détails de l’action ; les mêmes actes se répètent, dans le même but, chez l’animal et chez la plante. Quelle différence y a-t-il ? Une différence de mise en scène. Elle est plus complexe chez l’animal, qui possède un appareil centralisé pour la fonction, une série de rouages compliqués, une administration destinée à régler l’intervention des agents fermentifères, tandis que chez les végétaux ces agents, sans être affiliés pour ainsi dire à une organisation administrative, exécutent pourtant, en définitive, les mêmes actes. La fécule accumulée dans le tubercule de la pomme de terre est liquéfiée et digérée au moment de la pousse des bourgeons ou de la floraison, exactement comme l’amidon du foie ou la fécule alimentaire est digérée par l’animal. La matière grasse mise en épargne dans la graine oléagineuse est digérée au moment de la germination, comme au moment du repas la graisse est digérée dans l’intestin de l’animal. Au moment où la betterave monte en graine, la racine se dégarnit de son sucre, et cette épargne va se distribuer