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dans la tige après avoir été digérée exactement de la même manière qu’elle l’eût été dans le canal digestif de l’homme.

Les végétaux digèrent donc en réalité. C’est une véritable digestion que subissent les quatre classes de matières citées plus haut, pour passer de leur forme actuelle, impropre aux échanges interstitiels, à une autre forme favorable à la nutrition. Dégagée de toutes les circonstances accessoires qui constituent, ainsi que nous l’avons dit, la mise en scène de l’opération, la digestion n’est pas différente au fond chez les animaux et les végétaux.

Arrivés à ce point, nous apercevons l’unité imposante de la vie dans une de ses manifestations essentielles. La signification des phénomènes apparaît plus nette, leur intelligence se complète et s’approfondit lorsque nous saisissons leurs caractères communs et essentiels à travers l’infinie variété des moyens d’exécution.

Les limites de cet article ne nous permettent pas de poursuivre l’identité de la vie animale et végétale manifestée par les phénomènes de la respiration, de la sensibilité et de la motilité. Nous sommes obligés de renvoyer le lecteur à l’ouvrage de Cl. Bernard, où cette démonstration est faite en différents endroits avec une sagacité vraiment admirable.

Après tant de travaux, voici donc la physiologie générale justifiée dans son point de départ ; la voici en possession de son objet. Si nous n’avons encore que notre préambule, au moins en sommes-nous bien maîtres. Nous savons qu’il y a un ensemble d’actes qui se retrouve dans toute la nature vivante ; il y a une manière d’être commune à tout ce qui vit : c’est par cette manière d’être que nous caractériserons la vie, sans plus être réduits à l’insaisissable notion de l’évolution.

La communauté des phénomènes de la vitalité chez les animaux et les plantes étant mise hors de doute, l’esprit ne s’arrête pointa cette vérité de fait : il va au delà ; il demande l’explication.

La raison de l’unité physiologique des êtres vivants est dans ce que l’on pourrait appeler leur unité anatomique : les phénomènes fondamentaux sont communs, parce que la composition est commune. L’existence de ce fond anatomique universel est affirmée par la théorie cellulaire qui aujourd’hui n’est plus une simple théorie, mais une doctrine définitivement éprouvée et vérifiée, résumant les enseignements de l’anatomie générale. Cette dernière science est toute contemporaine. L’anatomie, au commencement de ce siècle, suivait encore l’antique routine ; elle démontait pièce à pièce les machines animales et végétales, décrivait et figurait chacune d’elles sous tous les aspects avec un scrupule d’exactitude et une patience