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dastre.le problème physiologique de la vie

pour les cellules animales ou végétales de toute espèce. Ce sont : 1o l’humidité, 2o l’air, 3o la chaleur, 4o une certaine constitution chimique du milieu. La connaissance approfondie de ces conditions a permis à MM. Pasteur, Raulin, Cohn et Balbiani de constituer des milieux appropriés à l’existence de quelques organismes relativement simples et de créer ainsi une méthode infiniment précieuse pour l’étude de la nutrition, la méthode des cultures artificielles. Si l’on considère des êtres plus élevés en organisation, l’influence des conditions extrinsèques n’apparaît pas moins nettement. C’est pour dispenser à chaque élément dans la mesure convenable les matériaux dont il a besoin, l’eau, les composés chimiques, l’air, la chaleur, que les organes s’ajoutent aux organes et les appareils aux systèmes dans les édifices organiques les plus compliqués. Pourquoi un appareil digestif ? Pour préparer et introduire dans le milieu intérieur les matériaux liquides nécessaires à la vie des cellules. Pourquoi un appareil respiratoire ? Pour importer le gaz vital nécessaire aux cellules et exporter l’excrément gazeux, l’acide carbonique qu’elles rejettent. Pourquoi un appareil circulatoire ? Pour transporter et renouveler partout ce milieu. Les appareils, les rouages fonctionnels, les vaisseaux, les mécanismes digestifs et respiratoires n’existent pas pour eux-mêmes, comme les ébauches capricieuses d’une nature artiste : ils existent pour les éléments anatomiques innombrables qui peuplent l’économie ; ils sont disposés pour permettre et régler plus rigoureusement la vie cellulaire. Ils sont, dans le corps vivant, comme dans une société avancée en civilisation, les manufactures et les usines qui procurent aux différents membres de cette société les moyens de se vêtir, de se chauffer et de s’alimenter. En un mot, la loi de la construction des organismes ou du perfectionnement organique se confond avec les lois de la vie cellulaire.

Le monde ambiant fournit donc, à l’animal et au végétal entier ou fragmentaire, les matériaux de son organisation, qui sont en même temps les excitants de sa vitalité. C’est dire que le mécanisme vital serait un mécanisme dormant et inerte si rien dans le milieu qui l’entoure ne venait le provoquer à l’action et lui donner le branle ; ce serait une sorte de machine à vapeur sans houille ou sans feu. La matière vivante ne possède point de spontanéité réelle. La loi de l’inertie que l’on croit le partage des corps bruts ne leur est pas spéciale ; elle s’applique aux corps vivants dont l’apparente spontanéité n’est qu’une illusion démentie par toute la physiologie. Toutes les manifestations vitales sont des répliques à une stimulation, des actes provoqués et non point des actes spontanés : et une telle vérité a d’autant plus besoin d’être affirmée par les physiologistes que l’opinion