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ÉTUDES DE PHILOSOPHIE INDIENNE


L’ÉCOLE VÉDANTA
(SUITE ET FIN)[1]

§ I. — La délivrance dans les Upanishads.

La délivrance, considérée comme le retour de l’âme individuelle au sein de l’âme universelle, dans laquelle elle se confond et perd sa personnalité et sa conscience propre, est une conception qui paraît aussi ancienne que les plus anciennes Upanishads.

Dans la Brihad-Aranyaka-Upanishad, iv, 3, le roi Janaka dit au sage Yâjnavalkya de lui parler pour la délivrance (mokshâya), et Yâjnavalkya lui fait un exposé long et confus d’une théorie dont les traits essentiels conviennent à la délivrance telle qu’on la concevait à l’époque du védântisme systématisé, c’est-à-dire telle que je viens de la définir. On peut en dire autant de tous les autres passages des Upanishads anciennes qui se rapportent plus ou moins directement à la réunion des âmes individuelles à l’âtman universel ou à Brahma. C’est donc moins l’évolution de l’idée de délivrance que nous avons à étudier dans ces textes que le développement de celle ayant pour objet les moyens de l’obtenir.

Dans le principe, les Upanishads n’indiquent qu’un instrument qui procure la délivrance : c’est la science. C’est ainsi que nous lisons, Brih. âr. Up., i, 5, 16 :

« Le monde des dieux (équivalent à la délivrance et opposé au monde des hommes et à celui où sont les ancêtres) doit être conquis par la science. Le monde des dieux est le meilleur des mondes ; c’est pour cela qu’on célèbre la science. »

Cette science est la science de l’âtman ou la notion de l’unité essentielle de tous les êtres en Brahma. Brih. âr. Up., iii, 5, 1, le dit aussi expressément :

« Les brahmanes, après avoir connu cet âtman, s’élevant au-des-

  1. Voir l’article précédent, tome iv, p. 592.